Bonjour,
Autres temps autres moeurs, la comparaison trouve évidemment bien vite ses limites et je sais le prix que vous attachez au thème de la préméditation hitlerienne et de l'artifice savamment calculé.
Bien sûr, Napoléon n'inaugure pas les succès de la France révolutionnaire mais sa pratique et sa maîtrise exceptionnelles appuyés sur un véritable élan national, ainsi que la puissance économique et démographique de la France, transforment profondément les équilibres militaires.
Nul n'est en mesure de tenir tête à son "système" avant quelques années d'"apprentissage" et l'apparition de circonstances de plus en plus défavorables à l'Empire. L'archiduc Charles, Gneisenau, Blücher ou Wellington "pratiqueront" le système impérial durant quelques années avant de flirter peu à peu avec le succès.
En ce qui concerne 39 - 40, ce qui me paraît important ici pour juger du degré supposé de déliquescence de l'armée française n'est pas ce qu'Hitler croit possible et entreprend (et qui se révèlera effectivement parfois remarquablement "inspiré") mais ce qu'est la réalité de l'effort français et les certitudes stratégiques les plus répandues: A titre d'exemple, en 1939, il n'est pas imbécile de croire que trois ans de guerre sont nécessaires avant d'espérer pouvoir faire plier l'Allemagne. Il n'est pas imbécile d'avoir construit un bouclier fortifié puissant pour se "donner de l'air". Il n'est pas imbécile d'attendre la montée en puissance des anglo-saxons (et le réveil de certains d'entre eux). Il n'est pas imbécile de croire les Ardennes "très peu favorables à une offensive mécanique majeure". Et ce, sans qu'Hitler ait à manipuler qui que ce soit.
Si Hitler cherche la sous - estimation de ses intentions et des capacités militaires allemandes, n'y a t-il pas quelque incohérence ?: pourquoi la Luftwaffe cherche t-elle avant-guerre à intoxiquer Vuillemin quant à son potentiel, invitant la France à redoubler d'efforts dans l'urgence ? Pourquoi laisser le 2e bureau français se persuader que la Panzerwaffe est 2 ou 3 fois plus puissante qu'en réalité ? Pourquoi une propagande si efficace démontrant par A + B que la position allemande est infiniment plus favorable qu'en 1914 ? Tous ces éléments invitent certes les Français à attendre et minent partiellement le moral mais surtout poussent à démultiplier les efforts pour "faire le gros dos" et se renforcer au maximum.
Peut-être le Führer calcule t-il plus qu'il ne parie, manipule t-il plus qu'il ne doute, mais l'homme doit s'appuyer sur des circonstances favorables, une Allemagne puissante et une Wehrmacht "toute neuve". La France, quelles que soient ses intentions, n'est pas en mesure seule de contrebalancer ces éléments et Hitler n'est pas le seul acteur de ce jeu complexe.
Bien cordialement |