La France a perdu une bataille, mais elle n’a pas perdu la guerre…
L’auteur, alors évacué presque chaque jour d’un hôpital vers un autre, n’avait, comme la grande majorité des Français, pas entendu l’appel du 18 juin 1940.
Sa pensée était, dans ces jours amers, tournée tout entière, avec angoisse, vers les hommes qu’il avait commandés et qui, harassés, ne devaient connaître, après de durs combats sur la Somme, qu’un seul répit, de l’Oise au sud de la Sologne : trois jours de combat sur la même position, sur les rives de l’Oise.
Plus tard, arrêté et déporté pour résistance, il n’avait pu lire la phrase prophétique que sur les vitres du wagon qui le ramenait en France. Et dans ce train, chacun des déportés, qui avait encore la force de penser, chacun des prisonniers, était clairement conscient de ce qu’il devait à ceux qui, après une telle défaite, avaient continué le combat pour que la France n’ait pas perdu la guerre.
Mais aux jours d’affliction de juin 1940, ceux hors de combat ne songeaient qu’à ceux toujours au combat, épuisés et presque sans armes, à la suite d’une lutte qui ne semblait plus permettre d’autre issue que l’invasion de tout le territoire et la capture de l’armée entière.
Et dans cette défaite d’une ampleur inconnue jusqu’alors, ces soldats purent bien croire qu’ils avaient perdu la guerre.
La guerre de 1940 avait été perdue. Et elle l’avait été MILITAIREMENT en quatre jours, au mois de mai, après avoir été perdue POLITIQUEMENT, en quatre jours, à la fin d’août 1939, avant même d’avoir été déclarée.