On ne l'aurait pas bloqué sur la Meuse. A considérer les moyens en présence, c'est dans les profondeurs de l'hexagone que se seraient déroulées les batailles de la Seconde Guerre Mondiale. Je vous signale que la supériorité aérienne allemande ne tenait pas qu'à la vitesse de leurs avions, mais aussi au calibre de leur armement. Une célèbre photo de la bataille de France montre un Heinkel 111 abattu par la chasse française, criblé de balles de petit calibre. La moindre victoire aérienne française était un exploit, compte tenu des avions sous motorisés, et tirant du petit plomb! Il fallait s'approcher à portée de tir, et faire mouche, longtemps, longtemps, avant d'ébranler un bombardier (enfin, pas trop longtemps non plus, parce que les munitions emportées étaient en petite quantité). Comparer le poids de projectiles tiré à la seconde, par un Morane ou un Curtiss, et comparer avec le Messerschmitt!
A signaler aussi le sous équipement en DCA. Chez les Allemands, la FLAK était une arme autonome, rattachée à l'aviation, mais disposant de ses troupes, ses matériels, ses véhicules, et une gamme de canons modernes, et de tous calibres.
Chez nous, la DCA était une annexe de l'artillerie, équipée de matériels vétustes, ou inadaptés. Inénarrable, l'utilisation en anti-aérien de la vénérable "miteuse" Hotchkiss 7,5 de 1915! En face, ils avaient déjà du quadruple de 20 mm à tir rapide.
Ajoutons à cela les déficiences de nos état majors, à tous les niveaux. Exemple amusant: on avait mis au point des fusils modernes, MAS 36, produits en quantité raisonnable, bien avant la mobilisation. Le Poilu de 40 aurait dû le recevoir. Mais une baderne étoilée a décidé qu'il fallait d'abord finir d'user le stock considérable de Lebel de 1918.
Les MAS 36 n'ont été distribués qu'à quelques unités d'élites médiatisées. Ils sont restés dans les entrepôts. Ce sont les Allemands qui les ont saisis. On a usé les Lebel... et les soldats qui allaient avec!
Non, tout compte fait, il est illusoire d'envisager que l'ennemi aurait pu être contenu sur la Meuse.
Le kriegspiel, c'est sur tout le territoire qu'il aurait fallu l'imaginer.
On peut rêver à ce qui se serait passé, si c'était Joffre ou Foch qui avaient été LE maréchal survivant. Et quelle guerre aurait pu être menée, depuis Alger, si Mangin avait été là pour botter les fesses à Weygand.
Mais bon, tout ceci est du domaine du virtuel.
La guerre à partir d'AFN aurait été jouable. P. Closterman l'a démontré, dans "Feux du Ciel" au chapitre consacré au colonel Félix Pigeaud.
C'est quand même extrapoler abusivement que d'aligner mon propos sur ceux de Pétain.
Vous m'avez mal compris! |