Bonjour !
Permettez que je vous emprunte une expression :
***Ce qui a fait la force de Hitler, c'est avant tout l'insondable médiocrité des démocraties.***
et que je la retourne :
***Ce qui a fait l'insondable médiocrité des démocraties, c'est avant tout la force de Hitler.***
je crois que nos lecteurs auront une idée assez juste de notre désaccord.
Et maintenant, je vous invite tous à faire un petit tour dans ma cuisine.
Je mitonne en ce moment un chapitre sur le discours introductif du procureur américain Robert Jackson à Nuremberg. Il dit notamment ceci :
Cette guerre ne fut pas le fait du hasard, elle fut préparée et conçue pendant longtemps avec habileté et ruse. Le monde n’a peut-être jamais été témoin d’une concentration et d’une stimulation des énergies d’une peuple semblables à celles qui ont permis à l’Allemagne, vingt ans après sa défaite, son désarmement et son démembrement, d’arriver si près de la réalisation de son plan de domination de l’Europe. Quoi que nous puissions dire des fauteurs de cette guerre, ils avaient réalisé une organisation étonnante et notre premier travail est d’étudier les moyens par lesquels les accusés et leur complices ont participé et incité l’Allemagne à la guerre.
En ce 21 novembre 1945, voilà quelqu'un qui s'approchait bien près de la vérité, et aurait pu à cet égard, s'il n'était pas mort prématurément en 1952 et avait persisté dans les mêmes idées malgré le rouleau compresseur fonctionnaliste, en remontrer à bien des historiens des décennies ultérieures.
Mais sa propre démarche avait une limite : n'ayant pu épingler Hitler dans sa brochette d'accusés, et devant trouver des motifs de condamnation pour chacun d'eux, il les fit passer sur le lit de Procuste d'un "complot" collectif, où le rôle du chef était fréquemment estompé et où, surtout, chacun était présumé conscient de la manoeuvre. C'est ainsi qu'il dit un peu plus tard :
Nous montrerons de façon générale qu’à un moment donné ces accusés ont tous été d’accord avec le parti nazi, pour un dessein qu’ils savaient ne pouvoir s’accomplir que par le déclenchement de la guerre en Europe. La prise du pouvoir en Allemagne, l’assujettissement du peuple allemand, le terrorisme et l’extermination d’éléments dissidents, la conception et la conduite de la guerre, la façon calculée, préméditée et impitoyable de la mener, les crimes délibérés et prémédités envers les peuples conquis : c’est à la réalisation de ces fins qu’ils ont travaillé de concert et ce sont des phases du complot, qui n’atteignait un but que pour s’élancer vers un autre, plus ambitieux encore. Nous allons aussi retracer l’enchaînement compliqué des organisations que ces hommes avaient créées et utilisées pour parvenir à ces fins. Nous montrerons comment l’organisation des bureaux et du personnel était consacrée à des visées criminelles et vouée à l’utilisation des méthodes criminelles établies par les accusés et leurs complices, dont beaucoup ont été mis hors d’atteinte par la guerre ou le suicide.
A mon avis il y eut plutôt des complots, et le chef avait seul la vision d'ensemble. |