Le problème, dans l'histoire militaire de la France, est avant tout conditionné par sa géographie. Avec la moitié de ses frontières terrestres, et la moitié maritime, il lui faut réussir l'impossible gageure de pouvoir tenir tête, tout autant à une puissance exclusivement navale, qu'à une puissance exclusivement terrestre.
S'il n'y avait pas de conflit avec l'Angleterre qui soit prévisible, les chefs de notre marine, aidés par le dynamique ministre Georges Leygues, ont oeuvré pour munir la France d'une flotte nombreuse, moderne, prestigieuse, pour les communications avec l'empire colonial, mais aussi pour la coquetterie d'égaler la Royal Navy. Il y eut un accaparement de crédits, dans les années trente, qui a nui au développement de l'aviation. Au surplus, ces navires étaient souvent des créations de prestige, où la vitesse était privilégiée. Pour décrocher des records de vitesse, on embarquait un armement léger, pas de DCA, peu de carburant, ce qui réduisait l'autonomie, et des blindages minimaux. Moyennant quoi, nous avions une admirable panoplie de lévriers des mers, qui ne risquaient pas de faire grand mal à l'ennemi, mais avaient tout à en redouter... Aucun porte avions n'était pourtant en service, parce que les amiraux croyaient encore au cuirassé.
Sur le plan terrestre, c'est André Maginot qui a accaparé les crédits pour le béton de la fameuse ligne. Avec des résultats aussi incertains. Ayant gardé en mémoire les souffrances et les pertes de 4 ans de guerre des tranchées, le but a été de donner un minimum de confort et de protection aux soldats, dans une guerre qui était prévue semblable à la précédente. L'armée française de 1918 avait pourtant obtenu l'effondrement du front allemand avec les tanks et les bombardements aériens, mais la leçon avait été oubliée.
Le poilu de 1939, à l'abri dans ses casemates, avait des repas chauds, dormait au sec, mais était captif bien plus que défenseur. Et même ces ouvrages défensifs souffraient d'un déficit en DCA, voire même d'un sous armement chronique. Pour 2000 hommes de garnison, bien souvent, on trouvait UN canon de 75 "à tir rapide". Un rapport effectifs-armement encore inférieure à celui des navires de guerre.
Les Allemands, le moment venu, ont pu tranquillement tout écraser sous les bombardements aériens, nos chasseurs, sous motorisés, et sous armés, ne pouvaient guère s'y opposer. Ils pouvaient aussi amener tranquillement leurs canons de 88, hors de portée du 75 de casemate, et démanteler l'ouvrage sans risque de pertes. |