Même de Gaulle a qualifié Paul Reynaud d'homme de grande valeur, injustement broyé par les évènements. Par ailleurs, je ne vois pas à quel moment Churchill lui aurait botté les fesses en mai 40. Dans "Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident"(Albin Michel) Benoist Méchin, pourtant peu suspect de sympathies pour l'Angleterre, mentionne les nombreux voyages pour soutenir le gouvernement français de Churchill, la promesse d'envoi d'escadrilles et de troupes, le projet du réduit breton, l'envoi d'un message conjoint à Roosevelt le pressant d'intervenir. C'est faire preuve d'un certain anachronisme dans le jugement de ne voir en Churchill qu'un chef de guerre ANGLAIS, déterminé à résister désespérément sur son île, et au Canada si nécessaire.
Il aura cru en la France jusqu'aprés le bout. Proposant une union franco-britannique, fusion des deux états, à laquelle de Gaulle a adhéré, et Reynaud aussi. Pour transférer la souveraineté française hors d'atteinte des nazis.
Il y a eu aussi des hommes de gouvernement qui voulaient poursuivre le combat en AFN, et qu'on a piégés sur le Massilia, tel Georges Mandel, qui s'embarquait en emportant un énorme buste de Clémenceau pour tout viatique.
Churchill a même tenté de sonder Pétain sur ses intentions, et s'est vu vertement rabrouer. Darlan lui a promis que la flotte ne serait pas livrée aux Allemands, MAIS, le texte de l'armistice établissait que chaque navire devrait regagner son mouillage du temps de paix! Ce qui mettait les escadres de la Manche et de l'Atlantique à la portée des Allemands. C'est cette disposition qui provoquera le drame de Mers El Kébir. Parce que la France s'était engagée à ramener ses navires dans des ports sous contrôle allemand.
Mais même aprés cette trahison de Pétain, et mille autres actes anti-anglais (non livraison des prisonniers allemands capturés en commun, dont les pilotes abattus pendant la bataille de France, fourniture aux Allemands d'hydravions français pour survoler impunément les côtes anglaises, actes ANTERIEURS à Mers El kébir), Churchill a tenu à afficher sa francophilie, condamnant en termes trés durs l'agression de Mussolini contre la France. Et adressant, par la BBC des messages EN FRANCAIS, indépendamment de ceux de de Gaulle, et tout aussi enflammés et porteurs d'espoir, pendant toute la longue nuit de l'occupation. |