Bonsoir,

§;-)) Je ne sais qui disait (peut-être un prof de statistique) "Les sondages et les statistiques sont comme les bikinis : ils dévoilent tout en cachant l'essentiel"

Un autre indicateur, à mon avis bien plus fiable sur l'opinion des militaires : leur attitude le 20 juillet 44.

Ne fut-ce que par pragmatisme, ne pensez-vous pas que leur attitude aurait été différente si le complot avait abouti par la disparition de Hitler ? L'issue de la guerre ne laissait guère planer de doute. L'Armée rouge s'approchait de la Vistule, les Alliés étaient solidement installés en Normandie.... Les armes de représailles promises par Hitler ? Les V1 (Vergeltungswaffe - Arme de représailles) avaient reçu le sobriquet de Versager 1 (Raté 1)
Par ailleurs, dans les heures qui ont suivi l'attentat manqué, la propagande s'est véritablement déchaînée pour exalter les sentiments patriotiques, pour souligner les vertus du führer protégé par la providence, etc... Cette propagande montrait aux hésitants que le mythe du Führer était bien vivant, que le régime jouissait d'un soutien massif et que toute velléité de résistance était vouée à l'échec par un durcissement de la répression et de la surveillance.

Qu'en aurait-il été si les moyens de propagande tombaient entre les mains des conjurés ? Déjà, fin de l'année 1943, les rapports de synthèse du SD décrivaient l'état d'esprit dominant en terme de "fatigue de guerre", "étroitesse d'esprit", "doutes", "langueur", "rejet intérieur de la guerre", "dépression psychologique". Autant d'arguments à exploiter par les conjurés pour mettre un terme à la guerre.

L'assassinat de Hitler aurait-il été "ressenti comme un soulagement, sa disparation signifiant la fin de la guerre" ? Sans doute pas, notamment parce que la mort de Hitler n'aurait fait qu'ajouter à la guerre de nouveaux drames, ceux d'une guerre civile, jugée inévitable même par un homme aussi proche des conjurés que Ernst Jünger.

L'hypothèse d'une guerre civile est plausible ! Pendant combien de temps ? Les Alliés étaient aux frontières laissées pratiquement sans défense.

Par ailleurs, les conjurés semblent bien être les seuls Allemands à n'avoir jamais entendu parler de l' "inconditional surrender". Même dans l'hypothèse où les amis de Stauffenberg aient pu s'imposer à la tête du pays, la paix qu'ils pouvaient espérer n'eût guère été plus avantageuse que les conditions imposées aux chefs nazis. C'était donc la paix mais à un prix tellement exhorbitant que celle-ci était inacceptable pour l'immense majorité des Allemands.

Nous n'en savons rien ! Une capitulation inconditionnelle ne signifie pas grand chose tant que nous ne connaissons pas les conditions. (Voir la contribution de Jacques). Quoiqu'il en soit, à conditions identiques, une capitulation fin juillet aurait épargné de nombreuses vies et destructions. Par ailleurs, le "péril rouge" - tant redouté - se trouvait circonscrit par la fin des hostilités. L'occupation par les Alliés et le partage des zones d'influence se seraient effectuées dans une négociation interalliée sans trop - peut-on penser - d'effusion de sang.

Bien cordialement,
Francis.