... et qui ne l'est pas encore suffisamment dans la majorité des études de toutes tendances sur le Troisième Reich (et la guerre qu'il a déclenchée après l'avoir préparée d'arrache-pied pendant six ans et demi), c'est que cela a posé à l'humanité, prise dans son ensemble, un problème des plus ardus dont elle ne s'est encore, aujourd'hui qu'assez mal sortie. La guerre, en effet, est une méthode grossière qui a plus de chances de faire disparaître la crête des problèmes que leurs racines et celle que les "démocraties" de toute étiquette ont fini par faire contre le Reich nazi de façon à peu près coordonnée, ne fait nullement exception.

Jusqu'au suicide de Hitler au moins, ces pays ont affaire à un ennemi diabolique. Son talent pour diviser ses opposants potentiels, qui l'a mené jusqu'à un zénith, ne l'a pas déserté dans l'adversité. Il étonne tous les jours le monde par sa capacité de faire marcher les Allemands comme un seul homme en dépit de cette même adversité et c'est très énervant voire angoissant, du moins pour les plus lucides, au premier rang desquels on trouve, depuis 1930 et sans discontinuer, Winston Churchill. La cause première d'événements atroces comme Dresde ou Hiroshima est là, et les études à eux consacrées n'y insistent guère en général.

Le 6 août 45, certes, on ne craint plus Hitler ni les "loups-garous" qu'il se vantait de laisser derrière lui, mais le premier bombardement atomique de l'histoire doit presque tout à un effort gigantesque de course à l'armement atomique entre les Anglo-Saxons et Hitler pour éviter que l'autre ne l'ait le premier, et le reste n'est qu'application d'un principe militaire de base : contre un ennemi on utilise ce qu'on a de plus puissant.

Lors du bombardement de Dresde en revanche, en février, je ne crois pas qu'il faille nier la volonté ferme voire prioritaire de tuer des civils. Il faut d'ailleurs se replacer vers la fin décembre, au moment de la planification, soit en pleine contre-offensive des Ardennes : non mais, les Allemands n'ont toujours pas compris notre supériorité, ils permettent toujours à leur chef de frimer avec de ridicules contre-attaques, il va falloir leur montrer encore plus fort de quel bois nous nous chauffons ! Alors en avant, vers des villes encore peu touchées !!

Certes, dans un monde idéal, un comité d'éthique aurait été réuni avant Hiroshima, pour décider si un léger abrègement de la guerre valait bien l'ouverture d'une ère terrifiante. Et vers le 10 février, une réunion du même type aurait pesé gravement l'opportunité de maintenir le bombardement de Dresde, en fonction des résultats, désespérants pour l'Allemagne, de la conférence de Yalta, et des renseignements sur les concentrations de réfugiés.

Mais enfin fondamentalement, si on voulait éviter tout cela, il fallait boycotter l'Allemagne dès le 31 janvier 33 jusqu'à ce qu'elle change de chancelier.