La première édition, parue en allemand sous le titre "Der Hitler-Mythos", date de 1980 à une époque où Ian Kershaw effectuait des recherches en Bavière sous la direction de Martin Broszat. Compte-tenu du succès de cette édition, Kershaw publia, en 1987, une version anglaise en y intégrant le résultat de ses travaux et plus particulièrement le rôle de l'antisémitisme dans l'image populaire de Hitler. La traduction française, complétée d'une préface de l'auteur, est parue en 2006.

Citant un historien allemand, Kershaw observe qu'il restait essentiel pour les chercheurs "d'analyser systématiquement et historiquement la construction du charisme qui n'entourait pas Hitler dès le début, mais qu'il a d'abord développé, puis exploité au maximum jusqu'au point où, Führer incontesté, il s'est installé au pinacle du Mouvement et de l'Etat". Le livre de Kershaw y contribue largement en éclairant les raisons de l'attrait charismatique de Hitler et de son immense popularité entretenue et amplifiée par la propagande. Kershaw démontre enfin que le "mythe" Hitler ou le "culte du chef", savamment construit, était indispensable pour le fonctionnement du régime nazi. "La grande masse de la population allemande avait besoin d'une idole".

Présentation de l'éditeur
"Mon Führer que j'adore avec ferveur ! C'est votre anniversaire et nous n'avons que deux vœux ardents : que tout, dans notre patrie, soit aujourd'hui et demain exactement comme vous voulez que cela soit, et que Dieu vous préserve pour nous à jamais ! Votre fidèle E. E. " Telle cette Berlinoise en 1935, ils furent des milliers à témoigner leur adoration au Führer - jusqu'à Stalingrad. Hitler n'était-il pas un génie politique, doublé d'un homme simple et bon, photographié ici embrassant un enfant, là au côté d'un vieillard hospitalisé ? Un célibataire qui sacrifiait les bonheurs de la vie maritale à la grandeur du destin de l'Allemagne ? Un chef capable d'annexer l'Autriche sans verser une goutte de sang ? Un grand bâtisseur, enfin, qui avait su relever son pays de la misère... Ce culte de la personnalité fut l'élément clé de l'intégration politique au système nazi. Seule la puissance du mythe était à même de contenir les forces centrifuges du Parti : si ses dignitaires étaient parfois perçus comme des individus cupides et hypocrites, Hitler faisait figure d'incorruptible héros de la nation. Et quand le parti se livrait à des exactions, c'était sans l'assentiment de son Führer. Les enquêtes d'opinion secrètes effectuées par les autorités nazies confirment l'effrayant diagnostic posé par Hitler lui-même : "la grande masse de la population allemande a besoin d'une idole".





Table des matières

PREMIERE PARTIE - la fabrication du mythe Hitler : 1920-1940

1. "Führer de l'Allemagne qui vient". - L'image de Hitler sous la République de Weimar.
2. "Symbole de la nation". - Le profil de Hitler dans la propagande, 1933-1936.
3. "Führer sans péché". - Hitler et les "petits Hitlers".

I. "Le Führer rétablit l'ordre" : la "Nuit des longs couteaux, 30 juin 1934.
II. Les "petits Hitlers" : l'image des patrons locaux du Parti.

4. Le Führer contre les extrémistes. L'image de Hitler et la "lutte ecclésiastique".
5. Hitler homme d'Etat. - Guerre et paix dans la balance.

I. "Triomphe sans effusion de sang".
II. La tension.
III. La guerre.

DEUXIEME PARTIE - L'effondrement du mythe Hitler : 1940-1945

6. Le triomphe du Blitzkrieg. - L'apogée de la popularité, 1940-1941.
7. La guerre tourne mal. Le mythe Hitler commence à s'effondrer.
8. Défaite et désastre. Le mythe Hitler s'écroule.

TROISIEME PARTIE. - Le mythe Hitler et la marche vers le génocide.

9. L'image populaire de Hitler et la "question juive".

Francis Deleu.