Vous ne le savez peut-être pas parce que les polémiques sur le sujet, ici ou ailleurs, datent un peu, mais je ne suis pas économe du mot "négationniste". Il s'applique pour moi à quiconque nie un fait bien établi, notamment en matière de barbarie nazie. Ainsi l'appliqué-je sans crainte ni tremblement à un Gérard Chauvy qui met en doute que ces gens se soient faits posséder lors de l'évasion de Raymond Aubrac (ils l'auraient donc généreusement libéré comme "agent"...), et aussi à l'honorable universitaire anglais AJP Taylor qui niait obstinément que Hitler ait déclenché une guerre, sciemment et de longue main.
Eh bien ce que vous dites de la mortalité soviétique lors des offensives de 1941 fait étrangement bon marché de la mise en condition des troupes, invitées à combattre sans quartier des sous-hommes, pour en faire la faute à une malchance s'abattant sur des logisticiens débordés. Sans doute, comme on le dit encore couramment et fâcheusement pour la France, étaient-ils dépassés par la rapidité de leur victoire ?! Alors que les plans spéculaient sur une avancée jusqu'à Arkhangelsk avant l'hiver, avec nécessairement bien plus de prisonniers encore ?
Ensuite, à partir de 1942, je vous accorde volontiers que l'agresseur a dû s'organiser un peu et distribuer des rations de survie, voire quelques espoirs de recrutement, ne serait-ce que pour qu'il y ait encore des gens qui se rendent, que les soldats allemands moyens ne soient pas confrontés trop brutalement à une obligation d'inhumanité "raciale" et que les vides créés dans les usines par les bombardements et la mobilisation soient compensés.
Voilà qui expliquerait qu'il y ait eu tout de même en gros un survivant sur deux. Je ne suis pas spécialiste de ces comptages mais pour l'instant, en tant qu'historien généraliste du nazisme, la proportion ne me paraît pas inimaginable. |