... ma critique de l'ouvrage, assurément, ne se limite pas à son traitement de l'affaire Caluire :
"Tentative remarquable" ? A d'autres... Si quelques points sont intéressants, les deux thèses d'ensemble (Moulin rival de De Gaulle, Hardy innocent pour Caluire) sont insuffisamment, voire pas du tout, étayées. Compiler des milliers de détails dont le lien logique est parfois imperceptible, ce pour montrer qu'on a bossé n'a jamais, à ce qu'il me semble, constitué une démonstration. Noyer le poisson sous un tsunami de notes infrapaginales n'a jamais, à ce qu'il me semble encore, été considéré comme une étude historique. Affirmer d'un côté que les archives ont parlé, et avoir recours, de l'autre, à quantité d'hypothèses occasionnellement pertinentes, parfois "surprenantes", souvent abracadabrantes, ce pour combler les failles béantes de ladite argumentation, n'a jamais, à ce qu'il me semble enfin, été un gage de sérieux.
A dire vrai et en substance, Jacques Baynac a plus ou moins repris les deux affirmations centrales qui constituaient le coeur des
Secrets de l'Affaire Jean Moulin (Seuil, 1998), affirmations entre-temps désintégrées par les historiens.
On dit souvent que les
remakes sont moins bons que les originaux. L'apophtegme s'est à nouveau vérifié. A ceci près que dans le cas présent, l'original n'était même pas acceptable.
Histoire d'être clair, une fois de plus : je n'ai rien contre Jacques Baynac, j'ai d'ailleurs apprécié ses premiers travaux, de même que son courageux engagement anti-négationniste, mais je me refuse absolument à considérer
Présumé Jean Moulin comme un ouvrage sérieux. J'ai même parfois été scandalisé par le fait que, de toute évidence, cet historien sollicitait un peu trop la crédulité du lecteur, si vous voyez ce que je veux dire.