> Ahhh ! Le bibliobus !
> Petit nouveau, je n'osais pas encore pointer du nez !
> Mais j'appréciais !
> Plus tard, devenu audacieux, j'ai moins apprécié le
> vrai/faux débat autour d'un vrai/faux Sturmmachin.
> C'était le bon temps ! ;-))
Ah, oui, mais le vrai/faux débat sur le Sturmtiger était une expérience sociologique, amusante certes pour moi (quoique), mais qui visait à tester la crédulité des gens au regard d'un discours négaga particulièrement débile. Un peu comme l'hilarant pastiche documentaire de William Karel qui démontrait que l'homme n'avait jamais marché sur la Lune.
Et le résultat a été assez inquiétant, je dois l'avouer : un certain nombre d'internautes sont tombés dans le panneau. L'un de ceux qui s'accrochait au "mythe", si je puis dire, et le défendait vaille que vaille, faisait moins appel à la foi qu'à la raison, à coups d'arguments d'autorité dont la faiblesse ne faisait que renforcer la portée de mon "argumentation", académique d'apparence mais totalement délirante. Ce phénomène de rejet presque freudien était lui-même extrêmement instructif. Cet internaute était victime d'une confusion des genres, entre le savoir, et la croyance en la détention de ce savoir : il croyait tout savoir sur le Sturmtiger, mais ses connaissances étaient en fait limitées, et n'étaient pas de taille à combattre efficacement une rhétorique négationniste apparemment solide et cohérente.
C'est, à peu de choses près, ce qui s'est passé avec la médiatisation de Faurisson à la fin des années 70. Rejet freudien, trouble, scandale... Quoi de surprenant, au fond ? Feu Vidal-Naquet avait déclaré à l'historienne Valérie Igounet que plusieurs membres de l'intelligentsia française étaient sur le point de succomber à la rhétorique faurissonienne lorsqu'il publia ses premiers textes de réfutation. Encore Faurisson avait-il pu voir, d'emblée, des historiens réfuter certains points de sa propagande. Il n'en a pas été de même sur le Sturmtiger.
C'est là tout le problème : l'apparence de recherche et de sérieux peut parfois camoufler des thèses absolument frauduleuses. Le bordel sturmtigerien l'a encore une fois prouvé. Et un type un tant soit peu compétent peut, s'il ne trouve pas en face une réfutation aussi longue qu'argumentée, démontrer n'importe quoi, et espérer même convaincre plusieurs lecteurs.
D'où la nécessité de réfutations, existantes mais qui ne couvrent pas la totalité du répertoire négationniste (les historiens estimant avoir autre chose à faire que de sortir les poubelles, ce qui est compréhensible), et qui doivent être connues de tous - ce qui n'est pas le cas. D'où ensuite la nécessité d'une loi pour interdire les discours négationnistes, qui font courir un danger certain aux droits et libertés de par l'antisémitisme académique qu'ils véhiculent. |