Je ne connais pas assez cette affaire pour avoir une opinion et soutenir l'une ou l'autre des thèses.
Je me borne donc à vous adresser quelques remarques sur votre intervention précédente.
Vous écrivez : "Il pourrait s’agir d’un scénario local, analogue à celui qui vraisemblablement précéda la mort de Göring : quelque admirateur du cran du chef nazi, de son anticommunisme, etc, a pu lui fournir un moyen éventuel de sortie (...) ayant compris qu’il n’avait plus aucune chance d’accomplir sa mission ultime, d’enfoncer des coins entre Occidentaux et Soviétiques pour sauver les meubles allemands et nazis."
A mon avis, Himmler n'en est plus à tenter de "sauver les meubles allemands et nazis" mais sa peau. Je ne crois pas trop à cette hypothèse. Himmler n'était pas Göring. Les Britanniques n'étaient pas les Américains, ils avaient vécu la guerre d'une toute autre manière. Enfin, les circonstances étaient bien différentes. Göring avait eu le temps nécesaire pour nouer une relation personnelle avec l'officier qui l'a aidé, pas Himmler.
"Il pourrait aussi s’agir d’une affaire d’une tout autre envergure. Churchill avait longtemps prôné l’exécution sans jugement des chefs suprêmes de l’Allemagne, il ne s’était rallié que le 3 mai, sous une forte pression américaine et soviétique, à la décision de les juger à Nuremberg, mais à ce moment, précédant la fin de la guerre, Himmler demeurait un combattant qu’il était légitime et utile de tuer pour décourager les autres, puis, même après la capitulation du 8 mai et devant le comportement soumis du gouvernement Dönitz, la Grande-Bretagne pouvait craindre des actions de sabotage animées par les SS, et souhaiter les décourager par l’exhibition du cadavre de leur chef. Le 23 mai au soir, certes la situation était décantée (arrestation, le même jour, de Dönitz et de ses ministres) mais le cabinet britannique, submergé de divers problèmes, était injoignable et ne semble pas savoir été joint : des ordres correspondant à une analyse antérieure de la situation pourraient avoir suivi leur cours, surtout si un commando spécialisé avait reçu une mission dans ce sens."
Pourquoi pas ? Mais, dans ce cas, les "mobiles" que vous avancez me semblent assez peu convaincants.
Si le gouvernement britannique était réellement préoccupé par d'éventuels actes de sabotage des SS (ce qui me semble assez improbable), Himmler lui aurait été bien plus utile vivant que mort.
Si Churchill était partisan de l'élimination des chefs nazis, n'est-ce pas parce qu'il y avait intérêt ?
Quant au commando dont on aurait oublié d'annuler la mission, vous admettrez que c'est assez rocambolesque. C'est supposer que cet hypothétique commando aurait été totalement coupé de sa hiérarchie.
Je crois qu'en considérant Himmler comme une créature totalement soumise au Führer, comme vous semblez le faire, vous vous privez d'un possible élement de compréhension de cette affaire. Himmler n'est pas le fidèle toutou que l'on a décrit. Dès 1942, comprenant que l'Allemagne ne peut être victorieuse, il entame des négociations secrètes avec les Britanniques. A mon sens, c'est là qu'il faut chercher la cause d'une éventuelle intervention des services secrets anglais. Il me semble d'ailleurs que c'est le thème du livre d'Allen.
Je ne vois pas quel autre "secret d'Etat" pourrait, soixante après la guerre, occasionner une telle gêne chez les Britanniques. |