"Que voulez-vous prouver, à quelle foi vous accrochez-vous ? Qu'il y aurait dans le coeur de l'appareil nazi des gens moins noirs que d'autres ?"
Curieux comme on en revient toujours aux mêmes questions (que voulez-vous prouver ? Où voulez-vous en venir ?). Encore une fois, je ne veux rien prouver, je vous fais part de mon opinion qui n'est d'ailleurs pas très originale, de nombreux historiens, me semble-t-il, tenant pour acquis le double-jeu de Himmler. A commencer, si j'en crois la présentation mise en ligne ici même, l'auteur du livre qui suscite ces échanges et que je vais lire d'ici peu. A ce propos, je m'interroge sur votre intérêt soutenu pour la mort de Himmler et le peu de cas que vous semblez faire du reste de l'ouvrage. Je comprends mal la déconnection que vous opérez entre le suicide, vrai ou faux, et ce qui précède.
"Donc je me permets de m'interroger et de vous interroger sur la véritable résistance, au sens freudien du terme, que vous opposez à l'affirmation de l'impossibilité d'une rébellion, a fortiori dès 42..."
Je ne dis pas que c'est impossible. Je constate d'une part que votre hypothèse est contredite par les faits indiqués dans ma précédente contribution, d'autre part qu'elle ne se fonde sur rien de concret.
Les agendas de Himmler montre qu'il rencontrait souvent Hitler. Et alors ?
"Toutes les recherches récentes (en France, notamment, Husson et Ingrao outre votre serviteur) tendent à montrer que l'appareil SS sert de cheval de Troie aux nazis pour investir de plus en plus l'Etat..." Et alors ?
Himmler est un nazi de la première heure, il fait de la SS le bras armé du régime. Et alors ? En quoi cela fait-il obstacle à ce qu'après Stalingrad, n'ayant plus aucune illusion sur l'issue de la guerre, Himmler trompé par les Britanniques se prenne à rêver d'une paix séparée avec les Occidentaux que concluerait une Allemagne débarrassée de Hitler ? Parmi les conjurés qui tentent de renverser Hitler le 20 juillet 1944 (et dès 1938) figure le général de l'Allgemeine SS Nebe, chef d'un des départements du RSHA (la kripo). Le fait que ce dernier ait été impliqué dans les crimes du régime (il me semble qu'il a été associé au programme d'élimination des handicapés et qu'il a commandé un einsatzgruppe) ne l'empêche d'être du complot.
Vous semblez considérez le régime nazi comme une sorte de secte entièrement soumise aux volontés d'un gourou omniprésent, omnipotent et omniscient. Je crois que la réalité est différente. Les dirigeants nazis ne forment pas une communauté homogène. Il y a des courtisans, des fidèles, des traîtres, des opposants, des luttes d'influence, des querelles intestines, des ambitions personnelles, etc...
"...la nouvelle de cette rébellion étant néanmoins émise vers des oreilles britanniques ou américaines, il s'agit évidemment d'une ruse."
Si ruse il y a, je crois que c'est plutôt des Britanniques qu'elle vient, ces derniers jouant avec une très grande habileté sur l'anglophilie d'une partie des chefs nazis et sur leur anticommunisme pour les manipuler en leur faisant miroiter la conclusion d'une paix séparée dont il n'a évidemment jamais été question. L'épisode Rudolf Hess en est d'ailleurs la plus parfaite illustration.
Au jeu du "qui manipule qui" et du "qui intoxique qui", je crois que les nazis n'arrivaient pas à la cheville des Britanniques. Je ne pense pas que l'Angleterre ait seulement été sauvée par l'héroïsme des pilotes de la RAF. |