"Nul ne conteste que l'argument favori de Himmler pour tenter de faire croire qu'il s'oppose à Hitler est que d'une manière ou d'une autre il propose de ralentir ou d'arrêter le massacre des Juifs. Or si vous considérez le fait massif du massacre des Hongrois, l'un des pics de la Solution finale, d'avril à juillet 1944, il est difficile d'estimer que Himmler, qui impulse l'affaire aux côtés d'Eichmann, est alors un opposant. Dès lors, que faire de ses approches précédentes en direction des Alliés, sinon des ruses ? Mais alors, pourquoi les mêmes comportements devraient-ils tout-à-coup s'interpréter comme de vraies rébellions et surtout, QUAND ? Quel critère inciterait l'historien à dire : là, ce n'est plus du pipeau ?"
En simplifiant à l'extrême des faits particulièrement complexes et en cherchant à tout ordonner selon une logique implacable, je crois que vous vous condamnez à passer à côté de certaines choses. Himmler, de toute évidence, joue sur les deux tableaux et ne veut se fermer aucune porte. Sa "rébellion" n'est bien sûr pas ouverte. Vis à vis du complot du 20 juillet, il laisse faire mais ne se compromet pas pour autant dans le putsch, ce qui lui permet d'être le grand gagnant de cet épisode, au terme duquel il se voit confier les hautes responsabilités militaires auxquelles il aspirait. Son attitude vis à vis des Juifs peut être regardée de la même manière. Himmler joue en grande partie le jeu du régime tout en entretenant des contacts avec les puissances occidentales à des fins personnelles. Il n'est donc pas question de rébellion mais de double jeu. |