Vous m'avez demandé ce que dit Allen. Après lecture de l'édition américaine de son livre parue en 2006 (avec un "addendum" de quatre pages consacré aux accusations portées contre lui), je peux vous répondre. Je vais à l'essentiel.
Selon Allen, Himmler aurait pris langue avec les Britanniques pour la première fois en mai 1942. Le 11 a lieu à Madrid, au domicile du colonel Beigbeder, une rencontre entre le prince Max Hohenlohe, émissaire du Reichsführer SS, et l'attaché militaire de l'ambassade du Royaume-Uni à Madrid (avec l'aval de l'ambassadeur Samuel Hoare). Hohenlohe interroge son interlocuteur pour savoir si le gouvernement britannique serait prêt à traiter avec Himmler agissant non pas au nom du Führer mais comme possible leader alternatif de l'Allemagne. Himmler dit avoir le soutien de nombreux industriels désireux de chasser Hitler du pouvoir.
Allen se fonde notamment sur une note transmise par Hoare à Londres, archivée à Kew sous la référence FO 371/24408.
La réponse à cette note n'est pas connue, de nombreux documents restant inaccessibles aux chercheurs.
Mais Allen indique que l'essentiel des tentatives de négociations avec les Britanniques menées par le RFSS eurent lieu en 1943 avec, au début de l'année, une nouvelle approche tentée par Hohenlohe, toujours à Madrid. La même année, Himmler aurait tenté des démarches similaires en direction des Américains, plus précisément auprès de Dulles, chef de station de l'OSS en Suisse. Celles-ci auraient reçu une fin de non-recevoir, incitant le RFSS à poursuivre avec les Anglais par l'intermédiaire de Carl Langbehn, son avocat, puis Walter Schellenberg, chef du SD Ausland.
Le 7 juin 1943, rencontre Schellenberg/Mallet (ambassadeur britannique en Suède) à Stockholm chez Wallenberg. Allen produit le compte-rendu de celle-ci adressé par Mallet à Londres. Il y est question d'une paix à l'ouest et de la reconnaissance par les Anglais de la légitimité de Himmler en tant que nouveau leader de l'Allemagne. Réf. FO 800/868.
En octobre 1943, Himmler transmet à Mallet un plan de paix en six points dont les deux premiers sont l'arrêt des bombardements de la RAF sur le Reich et le renoncement à l'invasion de l'Europe. Himmler se dit prêt, à la tête d'un nouveau gouvernement à évacuer certains pays occupés par le Reich : France, Belgique, Hollande, Norvège, Italie et Pologne. Réf. FO 800/868.
Les rencontres se poursuivent et ce, jusqu'aux tous derniers jours de la guerre.
Bien entendu, il n'a jamais été question pour les Britanniques de conclure un quelconque accord avec Himmler ni d'ailleurs avec aucune autre personnalité allemande, nazie ou non. Les fausses négociations n'avaient d'autre objectif que de diviser l'ennemi et amener les différentes factions allemandes à se prendre à la gorge. Elles étaient l'oeuvre du Political Warfare Executive.
Je crois que votre théorie a du plomb dans l'aile. |