Double jeu de Ollivier le mercredi 05 novembre 2008 à 12h01
"Nul ne conteste que l'argument favori de Himmler pour tenter de faire croire qu'il s'oppose à Hitler est que d'une manière ou d'une autre il propose de ralentir ou d'arrêter le massacre des Juifs. Or si vous considérez le fait massif du massacre des Hongrois, l'un des pics de la Solution finale, d'avril à juillet 1944, il est difficile d'estimer que Himmler, qui impulse l'affaire aux côtés d'Eichmann, est alors un opposant. Dès lors, que faire de ses approches précédentes en direction des Alliés, sinon des ruses ? Mais alors, pourquoi les mêmes comportements devraient-ils tout-à-coup s'interpréter comme de vraies rébellions et surtout, QUAND ? Quel critère inciterait l'historien à dire : là, ce n'est plus du pipeau ?"
En simplifiant à l'extrême des faits particulièrement complexes et en cherchant à tout ordonner selon une logique implacable, je crois que vous vous condamnez à passer à côté de certaines choses. Himmler, de toute évidence, joue sur les deux tableaux et ne veut se fermer aucune porte. Sa "rébellion" n'est bien sûr pas ouverte. Vis à vis du complot du 20 juillet, il laisse faire mais ne se compromet pas pour autant dans le putsch, ce qui lui permet d'être le grand gagnant de cet épisode, au terme duquel il se voit confier les hautes responsabilités militaires auxquelles il aspirait. Son attitude vis à vis des Juifs peut être regardée de la même manière. Himmler joue en grande partie le jeu du régime tout en entretenant des contacts avec les puissances occidentales à des fins personnelles. Il n'est donc pas question de rébellion mais de double jeu.
Allons bon, j'étais orgueilleux, me voilà trop logique.
Ce que me reprochent les débatteurs qui à mon humble avis ne travaillent pas assez, et se rassurent à bon compte sur la validité de leurs préjugés, tourne toujours autour d'une de ces deux affirmations.
Eh bien je préfère être traité de "trop logique" plutôt que de gober bouche bée des contradictions énormes.
Simple, oui, le nazisme l'est, c'est même une bénédiction pour l'historien. Allez donc décrypter la politique de Bush junior ! et encore, comme il est fanatique il y a quelques constantes. Mais prenez un opportuniste comme Clinton, ou encore chez nous Chirac ou Giscard, ça devient très dur. Il faut vraiment entrer dans le détail des coteries et des influences.
Hitler c'est l'aubaine : un programme simple, un chef bosseur et très au clair avec lui-même, et une exécution par l'intermédiaire d'un appareil SS centralisé dans les mains de Himmler, investissant clandestinement et méthodiquement les états-majors civils et militaires.
La trahison de Himmler, dès qu'on a compris cela, est simplement impossible, et si on y ajoute foi en prenant au premier degré un certain nombre de documents et de témoignages, c'est qu'on n'a pas compris, sur l'essentiel, le fonctionnement du régime, qu'on est est toujours (dans une tradition initiée vers 1920 dans la presse bavaroise !) à le prendre pour un panier de crabes mafieux. |