***Il est de fait que Schellenberg a initié, jusqu'au tous derniers jours de la guerre des tentatives pour fermer le front de l'Ouest afin de préserver les chances des nazis sur le front de l'Est.
Il est également établi que si Himmler le laissait faire, il l'a toujours fait en couvrant ses arrières pour pouvoir nier toute implication.***
Hitler, c'est bien établi, place après Stalingrad (sinon avant) tout son espoir dans un regroupement occidental contre l'URSS.
Question : que faire pour le favoriser ? Un vecteur s'impose : la SS et plus précisément le bureau VI du RSHA, pour bien garder en mains nazies la maîtrise des opérations. Schellenberg, donc.
Question suivante : enverra-t-on Schellenberg à la pêche aux contacts muni d'un mandat clair de Hitler via Himmler ? Ce serait suicidaire : autant redonner le pouvoir tout de suite à Papen et à toute la bourgeoisie marginalisée avec lui lors de la nuit des Longs couteaux. Car si Hitler avouait carrément aux Américains qu'il ne compte plus que sur eux, ils commenceraient évidemment par exiger son remplacement.
Il ne reste donc qu'à envoyer Schellenberg avec un mandat pas clair, laissant entendre qu'il représente une dissidence prête à passer aux actes si les Yankees mordent à l'hameçon. Il sera toujours temps d'aviser ensuite, et d'obliger les Occidentaux à composer avec tout ou partie du régime nazi.
Il ne faut pas oublier, là encore, ce Churchill qui complique les choses, avec sa détermination claironnée tous azimuts de faire passer le danger nazi avant le danger soviétique, même et surtout s'il prend les devants pour confiner celui-là (concessions limitées au plus juste à Téhéran puis Yalta).
Si Hitler avait encore eu affaire à de purs bourgeois près de leurs sous et terrorisés par le péril rouge, il les aurait encore mis dans sa poche. |