Le dernier Roosevelt est un peu dépassé et temporise plus que jamais sur toute question. Churchill fonce comme jamais. Alors qu'il est le plus âgé des trois, il fait une navette décisive entre Roosevelt et Staline à l'automne 44, d'une part pour les décider à se revoir (ce sera Yalta) car il trouve inconcevable qu'après Téhéran qui a décidé du second front, on ne se retrouve pas pour coordonner l'assaut final contre l'Europe allemande; d'autre part pour délimiter et par là circonscrire les gains de l'URSS (c'est l'accord des "pourcentages", brouillon de celui de Yalta, signé avec Staline un soir de beuverie sur un bout de papier, dont bien peu de livres soulignent qu'il était agréé d'avance par Roosevelt et sanctionné par la présence de son ambassadeur Harriman).
Roosevelt avait beaucoup compliqué la tâche de Churchill en lui refusant obstinément depuis 41 de mettre dans la corbeille de mariage avec Staline une rectification des frontières orientales russes de 1920. L'accord des pourcentages est (après l'étape capitale de Téhéran) l'aboutissement d'un marathon anglais obstiné. Hitler ignore cela. Yalta va être pour lui un coup de tonnerre dans un ciel pas vraiment bleu, mais moins chargé.
Schellenberg a beaucoup moins de succès chez les Anglais que chez les Américains -même si bien sûr, avant l'accord, on est en désaccord.
Donovan et Dulles se comportent déjà en laveurs de nazis. Sans quoi l'effroyable Karl Wolff, véritable successeur de Heydrich, qui négocie avec eux en Suisse, aurait été à Nuremberg au lieu de se prélasser dans un camp puis d'être condamné à une courte peine (et à une plus longue en Allemagne dans les années 60, la honte !). |