Quelques éléments - La France de l'entre-deux-guerres - forum "Livres de guerre"
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La France de l'entre-deux-guerres / Claude Fohlen

En réponse à -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1discussion capitale ! de françois delpla

Quelques éléments de M. B. le lundi 07 décembre 2009 à 22h14

Bonjour François,

Il me faudrait vous répondre de façon circonstanciée et très détaillée et je n’en ai guère le temps en ce moment. J’espère toutefois que les éléments ci-dessous apporteront quelques précisions.

Une parenthèse tout d’abord : vous considérez Borne et Dubief comme des gens obnubilés par le Laval de 1940. Pourtant, ces chercheurs – dans La crise des années trente, référence citée par moi préalablement – insistent clairement sur le fait que « l’image de Pierre Laval ne doit pas être obscurcie par le rôle qu’il a joué entre 1940 et 1944 ». Il est donc délicat, je crois, d’écarter d’un simple revers de la main l’apport de ces historiens au débat. Il convient d’être pris en compte.

Sur le fond, il me semble plutôt que c’est avant tout le front négocié à Stresa – bien plus qu’un pacte franco-soviétique inopérant – que vient dynamiter l’accord naval anglo-allemand ; c’est d’ailleurs aussi le point de vue de Léon Noël. Dès la signature du pacte franco-soviétique, tout le monde sait – Litvinov (cf Sabine Dullin et ses Hommes d’influences, Payot, 2001, page 133 et suivantes) et Anglais compris – que ce texte est inapplicable pour deux raisons : absence de protocole militaire mais surtout recours imposé au Conseil de la SDN et conformité des modalités de l’assistance envisagée avec les stipulations des accords Locarno… De fait, pour les Britanniques et les Allemands, le pacte franco-soviétique est un coquille vide alors que les accords de Stresa, eux, jettent les bases d’une collaboration franco-italienne potentiellement plus dangereuse pour Berlin, désormais à la merci d’une action conjointe à laquelle Londres serait incapable de s’opposer (c’est bien là le sens profond de cet accord qui n’est pas « naval » pour rien : marine italienne et française ont été limités à parts égales au début des années vingt (lors de la conférence de Washington) bien en deçà des tonnages alloués au Royaume-Uni et ont été par conséquent les grandes perdantes en la matière : la provocation de Londres est donc sensible).

Sur la question sarroise, Barthou ne s’est jamais engagé aussi clairement que le fit Laval plus tard. Avant sa mort, la question du plébiscite de janvier 1935 était encore loin mais Barthou annonçait déjà des difficultés dans le mémorandum qu’il adressa à la SDN en août 1934 et il exigeait d’ailleurs également que fût étudiée la possibilité d’organiser un deuxième plébiscite (Voir Haim Shamir, La plébiscite de la Sarre et l’opinion publique en France, Revue d’histoire moderne et contemporaine). En déclarant se désintéresser de la question, Laval fait ostensiblement un geste d’ouverture en direction de l’Allemagne.

J’ajoute que Barthou, au moment sa mort, avait déjà bien engagé la France dans la négociation avec les Soviétiques et s’était dès la fin de l’été 1934 orienté dans la direction d’un accord strictement bilatéral avec Moscou (cf Le projet de pacte oriental, dans GMCC déjà cité) au détriment d’une large entente à l’est qu’il avait échoué à mettre sur pied. À partir de ce moment, Pologne et Allemagne ne sont plus consultées alors que ces puissances avaient pourtant été associées, mais sans succès et pour cause, jusqu’à cette date. Laval ne pouvait – au sein d’un cabinet (Doumergue puis Flandin) reposant sur les mêmes arbitrages politiques hexagonaux (radicaux) – renoncer simplement à la politique de son prédécesseur, devenue en outre une figure nationale à la suite de son assassinat. La seule liberté qui restait à Laval était de parler de nouveau aux Allemands ; ce qu’il fait dès son arrivée au Quai d’Orsay. Au Sénat, en décembre, il déclare : le « gouvernement français ne fera jamais rien qui justifie l’Allemagne à croire que nous entendions pratiquer vis-à-vis d’elle une politique d’isolement. Le rapprochement franco-allemand dans le cadre international est une garantie de la paix ». D’ailleurs, Laval, après la signature d’un protocole avec Litvinov le 5 décembre 1934, ne reprendra ses négociations avec les Soviétiques qu’en mars 1935 seulement… c’est-à-dire après le rétablissement du service militaire outre-Rhin.

En somme, il faut tout autant nuancer l’analyse traditionnelle présentant Barthou comme le champion tout catégorie de la résistance à Hitler, que celle tendant à nier la réelle différence d’approches entre le ministre bibliophile et son successeur.

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes