Il me semble quant à moi que l'histoire a longtemps projeté le Laval des années 40 sur celui de 1935... et que les valeureux jeunes chercheurs de notre temps, même s'ils vont y regarder de plus près, ont à se méfier comme de la peste du danger de retomber dans cette ornière.
Dans le même ordre d'idées, il reste aujourd'hui de bon ton d'identifier Hitler et Mussolini, ou quasi, et de stigmatiser en conséquence Laval, coupable de courtiser Mussolini avant Staline (dans les deux sens du mot "avant"), ce qui par assimilation de proche en proche le ferait pencher plus vers l'amitié avec Hitler que vers la lutte contre lui.
C'est dédouaner bien facilement la gauche en général et Blum en particulier, qui avaient une fichue tendance à trouver Mussolini aussi haïssable que Hitler, voire plus. Exactement comme les anticommunistes de la drôle de guerre qui fomentaient des expéditions contre Bakou pour se justifier de ne rien faire contre Hitler, en prétendant que c'était la même chose, puisque Staline et lui étaient pacsés... enfin, pactés !
Là encore Churchill montrait la voie : il y a un affreux, Hitler, et il faut unir tout le monde contre lui, même les un peu moins affreux. Et ce, dans le cadre de la SDN, pour laquelle Churchill n'avait pas du tout le mépris bushien qu'on lui prête. |