Une chose est pourtant claire : dès que Laval prend les rênes du Quai d'Orsay, l'inflexion de la politique étrangère de la France est sensible : il cherche à ménager une Allemagne contrariée par les initiatives françaises et à limiter l'engagement de Paris aux côtés de l'URSS ; ce que confirment les contemporains du moment (Léon Noël ou encore Litvinov qui s'inquiète des lenteurs françaises).
D'ailleurs, si à partir de mars 1935 - après un temps-mort relatif - de difficiles négociations sont relancées avec Potemkine (au cours desquelles le caractère automatique de l'assistance mutuelle est remis en cause), c'est bien à la suite de la décision allemande de rétablir le service militaire qui appelait une réaction - aussi modeste soit-elle - à ce qui est apparu aux yeux de l'opinion comme une provocation.
>Reste à lui donner un prolongement militaire et tout le monde sait que c'est délicat [...] en raison de la nécessité d'une entente avec la Pologne, elle-même alors très proche de Berlin.
Mais c'est justement en grande partie parce qu'une entente avec la Pologne s'était avérée impossible à négocier à l'été 1934 qu'avait été finalement abandonné le pacte oriental et lui avait été préférée l'alliance directe avec Moscou...
Et c'est bien l'absence de toute convention militaire - lacune étrange pour un traité d'assistance mutuelle - qui finit d'achever la crédibilité de l'engagement ; ce dont tout le monde est très conscient.
Présenter Laval comme le partisan d'un ferme endiguement de l'Allemagne au milieu des années trente me semble surprenant et tout à fait contraire à la réalité de ses initiatives politiques. Je le crois plutôt proche des conceptions britanniques, c'est-à-dire partisan d'un dialogue franc avec l'Allemagne. Il apparaît également décidé à faire un pas résolu en direction de Rome pour se prémunir éventuellement de Berlin. Mais il est surtout peu intéressé par les alliances orientales de la France qu'il méconnaît. |