Bonjour François,
>Il ne s'agit pas de dire que Laval = Barthou
Je ne sais trop qu'en penser : tu as écris plus haut qu'il n'y avait pas une "feuille de cigarette" entre B. et L. ("même combat ! (sic) ")
>Tu dis toi-même que Barthou n'est pas "le champion tout catégorie de la résistance à Hitler", à la bonne heure ! Mais alors, pourquoi faire grief à Laval de vouloir, sous certaines conditions, causer avec les Allemands ?
Je me suis simplement contenté d'écrire, depuis le début de cet échange, que Barthou et Laval ont tous deux mené une politique différente à l'égard de l'Allemagne et des alliés est-européens de la France. Je ne fais donc aucun grief et ne porte aucun jugement : je constate que toutes deux ont lamentablement échoué mais qu'elles n'en ont pas moins emprunté des chemins divergents.
Barthou, lors de sa nomination au bureau de Vergennes dans le cabinet Doumergue, est un moment tenté par la conciliation avec l'Allemagne. Il se rallie pourtant (à contre-coeur ?) à la position dure prise par Doumergue en mars, avant d'engager au printemps ses consultations pour la réalisation du pacte oriental. Il ne variera dorénavant plus de cette ligne de fermeté. A l'été 1934, devant l'impossibilité d'obtenir un accord global à l'est (opposition de la Pologne), il s'oriente donc vers un accord strictement bilatéral avec Moscou.
Laval, nommé au Quai d'Orsay en octobre, n'a d'autre choix que de poursuivre la politique soviétique de son prédecesseur, déjà bien engagée sur la voie d'un traité bilatéral. Toutefois, il renoue parallèlement le dialogue avec Berlin et approfondit celui préalablement engagé par Barthou avec l'Italie. Laval ne croit guère en l'alliance russe et la considère sans doute comme dangereuse pour la paix. Briandiste convaincu, il pouvait être légitimement effrayé par une combinaison diplomatique rappelant le jeu des alliances qui avait en son temps mené l'Europe à la guerre.
Il croit pouvoir amener à ses vues l'Allemagne ce qui aurait le grand avantage de ne pas froisser un Royaume-Uni mécontent des initiatives antérieures de Paris vis-à-vis de Moscou et de Berlin. Sinon, pourquoi Laval aurait-il tant tardé avant de reprendre les négociations avec Potemkine (mars 1935 seulement) et pourquoi aurait-il autant traîné les pieds avant de proposer la ratification du pacte franco-soviétique au Parlement ?
Et ce n'est pas projeter le Laval de 1940 sur les événements de 1934/35 que de considérer la politique extérieure de celui-ci comme moins rigide que celle initiée par Barthou. |