Bonsoir François,
Je constate donc, et prends bonne note, que c'est sur la question de la Sarre que tu observes une proximité immédiate entre les politiques menées par B. et de L. et non pas, plus largement, sur l'attitude respective des deux hommes vis-à-vis de l'alliance russe.
Pour ma part, je note une chose : Barthou élude la question sarroise à l'été 1934 et repousse le problème tout en insistant pour que l'éventualité d'un second plébiscite soit envisagée. Laval, plus tard et dans des conditions très différentes, j'en conviens, ira beaucoup plus loin en expliquant directement à l'ambassadeur allemand - et pas seulement à lui - qu'il est personnellement favorable au retour de la Sarre à l'Allemagne.
Cela s'explique très bien. Refuser le plébiscite en Sarre immédiatement après la note du gouvernement français de mars 1934, c'est immédiatement se mettre à dos Berlin que l'on consulte sérieusement afin d'obtenir si ce n'est son ralliement, du moins celui de la Pologne au projet de pacte oriental en discussion.
Agir de la sorte signifiait également se couper définitivement du Royaume-Uni dont on attend non pas un ralliement enthousiaste à la proposition française mais à tout le moins une bienveillante neutralité. Londres fera d'ailleurs en cette affaire le "minimum syndical" auprès de ses clients traditionnels en Europe (cf Le projet de pacte oriental).
En somme, Barthou avait tout intérêt à ne surtout pas lever cette difficulté qu'était le plébiscite de la Sarre qui risquait effectivement de plomber ses efforts pour conclure une alliance générale dans l'est européen. Une fois l'alliance de revers conclue (qu'elle soit d'ailleurs globale ou limitée à l'URSS), la question sarroise devenait secondaire.
Amitiés, |