>Il me semble quant à moi que l'histoire a longtemps projeté le Laval des années 40 sur celui de 1935... et que les valeureux jeunes chercheurs de notre temps, même s'ils vont y regarder de plus près, ont à se méfier comme de la peste du danger de retomber dans cette ornière.
Il ne s'agit pas, en l'occurrence, de retomber dans le piège bien connu de l'anachronisme - contre lequel les "jeunes chercheurs", très sensibilisés à cette question, ont bien souvent été mis en garde par des aînés parfois pas toujours très scrupuleux avec la chronologie - mais de simplement constater des faits grâce à une documentation diplomatique certes aride mais ô combien précieuse. Cette fameuse documentation que d'aucuns ont tendance à négliger au profit de suppositions hasardeuses.
Et ces faits sont têtus...
Barthou est l'un des partisans, lors de son entrée au gouvernement, d'une entente avec l'Allemagne. Il en vient bientôt à changer d'opinion. Devant l'impossibilité de gagner à sa cause tous les pays d'Europe centrale et orientale, notamment la Pologne de Beck, il écarte bientôt le schéma d'une entente générale dans l'est européen au profit d'une alliance directe avec une URSS qu'il n'est guère suspect de porter dans son cœur. Churchill parviendra plus tard (donc après Barthou) au même constat...
Laval ne fait rien d'autre que de revenir sur cette orientation en vidant le pacte d'assistance mutuelle franco-soviétique de sa substance... afin, je le répète, d'éviter de froisser Berlin.
>Laval, coupable de courtiser Mussolini avant Staline
Le problème c'est que si Barthou a cherché à jouer Staline contre Hitler tout en évitant de se mettre à dos une Italie à l'époque beaucoup plus hostile à l'Allemagne qu'à l'URSS - faut-il encore le rappeler - Laval, lui, s'est résolument tourné vers les puissances frontalières de la France avec lesquelles il a cherché à s'entendre directement hors de toute combinaison diplomatique contraignante pour Paris.
Laval - au fait des énormes difficultés rencontrées par son prédécesseur au Quai d'Orsay dans sa mise en œuvre du pacte oriental - a tenté une nouvelle approche, moins tortueuse, en pariant - comme la Grande-Bretagne - sur un dialogue direct avec Berlin.
Son échec n'en reste pas moins tout aussi patent... |