Car, grâce à elle, nous pouvons considérer que tels sont les points acquis, à l'heure actuelle :
1) Selon Jacques Baynac dans une interview accordée au
Nouvel Observateur, Lucie Aubrac a innocenté René Hardy en 1998 :
"Finalement, à cette date, dans « le Dauphiné libéré », elle a déclaré qu'il n'y avait jamais eu de dénonciations au sein de la Résistance, ajoutant que René Hardy avait été un « vrai résistant »."
2) L'affirmation prêtée à Lucie Aubrac était surprenante, car elle n'a jamais - jamais - formulé de tels propos au cours de sa longue vie. Des précisions ont donc été demandées à Jacques Baynac, au regard de cette révélation très étonnante.
3) Ainsi sollicité, Jacques Baynac s'est expliqué, attribuant de surcroît un certain nombre d'autres propos très précis à Lucie Aubrac, et cité en référence un article (interview ? résumé ?) du
Dauphiné libéré en date du 24 novembre 1998 :
4) Jacques Baynac a indiqué la date précise de publication de l'article. Il en a cité des propos précis, qui excluent une rédaction de mémoire. En d'autres termes, Jacques Baynac possédait cet article, et l'a relu. Il l'avait sans doute près de lui lorsqu'il a posté son message sur ce forum. Et à moins d'avoir une fabrique de lisier dans les yeux, il est logiquement exclu qu'il ait pu commettre une erreur de lecture.
5) Les propos tenus par Jacques Baynac laissaient croire à l'existence d'une interview de Lucie Aubrac. Il ne l'a jamais écrit, mais ne l'a jamais démenti non plus.
6) Vérification faite, il s'avère que le
Dauphiné libéré mentionne bel et bien, à la date indiquée, Lucie Aubrac. Mais il ne s'agit nullement d'une interview, simplement d'un article. La nuance est de taille, et Jacques Baynac, pourtant très pointilleux dès qu'il s'agit de critiquer les thèses qu'il conteste, s'est abstenu de la signaler, ce qui constitue d'emblée une première entorse à la méthodologie historienne.
7) La phrase de Lucie Aubrac "innocentant" René Hardy, telle qu'évoquée dans
Le Nouvel Observateur, n'a pas la signification que Jacques Baynac lui prête. Elle a en fait été extraite de son contexte, ce pour déformer la pensée de Lucie Aubrac, et l'invoquer à l'appui d'un - fragile - plaidoyer en faveur de René Hardy. Deuxième entorse à la méthodologie historienne.
8) Les autres propos prêtés à Lucie Aubrac sont totalement absents de l'article qui lui est consacré. Ils ne se retrouvent pas non plus dans les autres pages de ce quotidien.
Conclusion
Considérant les points 4 et 8, de même que la manipulation d'une phrase de Lucie Aubrac et le flou autour du contexte de ses déclarations (article ou interview ?), il faut donc en déduire que Jacques Baynac a inventé des propos que Lucie Aubrac n'a jamais tenus.
Certes, je puis me tromper, mais je ne vois pas d'autre explication à ces surprenantes "erreurs". Reste que Jacques Baynac devra fournir une réplique crédible aux faits ci-dessus énumérés. Il est possible qu'il y ait malentendu. Mais il n'a rien fait, jusqu'à présent, pour le dissiper.