... sinon que :
1) l'article n'est peut-être jamais paru, quoique rédigé et mis en forme ;
2) l'article est peut-être bel et bien paru, mais peut-être dans une édition locale d'un quotidien régional, ce qui expliquerait qu'il n'ait pas été communiqué à François Delpla ;
3) la documentaliste a oublié de le communiquer à François Delpla.
Pourtant, François Delpla a bel et bien écrit :
"j'ai enfin sous les yeux l'article du Dauphiné libéré
du 24 novembre 1998 dont Jacques Baynac s'était servi ici même pour prétendre que Lucie avait fini par reconnaître l'innocence de René Hardy, dans une 'interview'."
Voir :
C'est donc que ce qui a été publié le 24 novembre 1998 dans ce quotidien lui a été intégralement communiqué.
Par ailleurs, le
Dauphiné libéré est un quotidien régional, et je ne vois pas en quoi la parution de cet extrait dans un quotidien local changerait la donne.
C'est pourquoi je me demande s'il ne s'agit pas là d'un texte qui, effectivement, n'a jamais été publié - ce qu'indiquerait, au demeurant, l'absence de mention du numéro de la page.
Il demeure que le texte produit contredit les affirmations de Jacques Baynac sur un point. Il reprochait à Lucie Aubrac d'
"avoir falsifié le contenu de mon Les secrets de l'affaire Jean Moulin". Reproche grave, s'il en est - Lucie Aubrac, une faussaire !
Mais l'article ne dit pas cela. Il dit que
"la thèse de l'auteur, selon laquelle Jean Moulin aurait été au service des Etats-Unis, est, selon Lucie Aubrac...". Ce n'est pas Lucie Aubrac qui résume la thèse de Jacques Baynac, mais le journaliste.
Par ailleurs, il est imprudent de parler de falsification. Disons, un raccourci regrettable, car Jacques Baynac prétend bel et bien, dans cet ouvrage paru en 1998, que Jean Moulin était, en juin 1943, prêt à travailler avec les Américains pour cause d'affaissement du gaullisme. D'où son imaginaire rencontre avec l'agent de l'OSS Frederic Brown, qui se serait tenue le 19 juin 1943 - alors que Brown, parachuté en réalité dans la nuit du 19 au 20 (comme le prouvent les documents de la RAF), n'a pu retrouver "Max", lequel se trouvait à Lyon le 20.
Je sais, Jacques Baynac apporte d'autres éléments dans son
Présumé Jean Moulin, après que sa thèse a été discréditée par Daniel Cordier (et Pierre Péan sur le plateau de
Bouillon de Culture), grâce aux documents britanniques. Mais - et je propose d'entamer un débat là-dessus - aucun de ces "nouveaux" éléments n'est de nature à emporter l'adhésion. Tout au plus, et là je suis sympa, pourraient-ils troubler le lecteur.
Il reste que, pour revenir au sujet, cette accusation portée contre Lucie Aubrac est, au mieux, inexacte.