Bonsoir François, bonsoir à tou(te)s,
*** Mais enfin, prétendre que j'édulcore la barbarie du nazisme ou de ses valets n'a jamais mené personne bien loin *** (François Delpla)
Il m'avait semblé que nous discutions du "statut des juifs" sous la dictature à Pétain !
*** Quand le détracteur qui cherche à me labourer brise son soc sur ce rocher (s'il est vraiment antinazi, ne devrait-il pas s'en réjouir ? à chacun d'en juger) ***
Eh ben ! Labourons ! Labourons ! Si tel est mon destin ! Quant au salut nazi...euh...je souffre d'une tendinite au bras, mes collègues pourront en juger.
*** il ne lui reste que l'invective, la basse injure (...) ***
Rien de nouveau sous les tropiques ! Tout ce qui ne va pas dans ton sens n'est qu'invectives et basses injures !
*** (...) ou le silence, solution le plus souvent retenue car ma réplique, pour n'être jamais sur le même ton, n'en est souvent que plus perforante. ***
Naïveté ou mauvaise foi ? Pose-toi la question de savoir pourquoi tes interlocuteurs baissent les bras !
*** Voyons donc le cas de Pétain, en cet octobre 40 qui s'ouvre, comme nous le savons tous ici depuis quelques jours, sur l'adoption du statut des Juifs en conseil des ministres sans décision de publication, et s'achève en gros par le discours justifiant la rencontre de Montoire ***
Ni le 1, ni le 3, ni le 18 octobre 1940, Montoire n'était à l'agenda. Dès lors je ne vois pas le rapport entre le délai de publication du statut et l'entrevue de Montoire. Bien entendu, Montoire était souhaité et même sollicité par Vichy ! Naturellement, qu'ajouter dans le trousseau de la future mariée aussi bien le statut que le Révolution nationale était censé séduire l'amant récalcitrant.
- Les symptômes de la Révolution nationale se manifestent dès le premier jour : "Nous, Philippe Pétain, chef de l'Etat"
- L'idéologie d'exclusion (antisémite en particulier) était latente avant Vichy : (décret-loi du 2 mai 1938 sur la police des étrangers - décret-loi du 12 novembre 1938 relatif à la situation et à la police des étrangers). Cette idéologie s'exprimera et donnera toute sa mesure lorsque Pétain s'octroie les pleins pouvoirs.
*** Que dit l'histoire traditionnellement résistante, de Michel à Paxton ? Que le plus important c'est le statut des Juifs, qu'il ne doit rien à une pression allemande...***
voir plus haut
***... et que Montoire est une conversation anodine ***
Montoire: une conversation anodine ?? Tu vas chercher ça où ? Ni Paxton, ni la grande majorité des historiens post-Paxton n'ont émis cette hypothèse.
*** Le statut des Juifs est une carte, présente dans le jeu dès le début de juillet (au moins chez Alibert) et on essaye de la monnayer au mieux. Même chose d'ailleurs pour la Révolution nationale, dont il est aussi question début juillet ***
Tout à fait d'accord ! J'ajouterai cependant : une carte opportune que Vichy possédait déjà dans sa manche et qui tombe a pic pour monnayer quelques avantages illusoires.
*** J'essaye quant à moi de donner forme à tout ça. Je repère des structures : Montoire est déjà dans Mers el-Kébir, et le tout dans l'armistice... sauf éjection de Churchill. L'Angleterre s'obstine dans la guerre et le manifeste en coulant des bateaux français ? Tout Vichy en déduit qu'il y a une chance de salut, en se montrant plus "raisonnable", c'est-à-dire plus lèche-bottes. Et c'est Hitler qui freine ! Le statut des Juifs est une carte, présente dans le jeu dès le début de juillet (au moins chez Alibert) et on essaye de la monnayer au mieux. Même chose d'ailleurs pour la Révolution nationale, dont il est aussi question début juillet. Mais tout ça laisse froid Hitler, qui refuse les moyens de déclarer la guerre à l'Angleterre au soir de Mers el-Kébir et laisse les divers clans vichystes approcher Abetz en ordre dispersé.
Pfttt... mais pourquoi pas ? Vichy exhibe ses cartes au moment propice, cartes dont Vichy découvre les vertus de séduction auprès du tuteur nazi. Mais j'ajoute aussi que la distribution des cartes n'a pas été truquée par une manip d'Hitler. Ces cartes étaient entre les mains des pétainistes par leur seule volonté.... dans le cadre du renouveau de la France.
*** J'aimerais savoir en quoi cette optique montre un Vichy moins abject ***
Cette optique laisse à penser - pour les lecteurs qui peinent à te suivre - que l'arsenal législatif antisémite a été élaboré uniquement pour plaire aux Allemands dans le but d'obtenir quelques concessions susceptibles de soulager la misère des Français. En plus brutal : "frappons durement quelques indésirables, fauteurs de guerre, pour le bien-être de tous les braves Français !" Et les braves Français de penser : " Ah ! C'est bien vrai que le Maréchal Nous Voila nous a épargné du pire" !
Et pour clore cette discussion, le fond de problème apparaît ici :
Cette distinction entre deux catégories de Français, les Juifs et les non-Juifs, était pénible et peut être jugée intolérable par ceux qui méconnaissent le fond du problème. Elle n'était que la transcription sociale d'un grand mystère : l'incapacité qui empêche le peuple de la Bible, pourvu par ailleurs de tant de dons de l'esprit et du coeur, de retrouver un équilibre collectif depuis la mort du Christ ou de s'assimiler complètement, autrement que par une longue conversion familiale, à des notions chrétiennes. Le maréchal Pétain était trop humain pour ne pas avoir souffert de décisions qu'il ne prit que par devoir, dans l'intention de préserver la nation d'influences étrangères à son essence. Un jour de 1944 où il faisait devant moi, en tête à tête, le bilan de son oeuvre, la seule chose qu'il lui advint, sinon de regretter, du moins d'estimer peut-être trop sévère pour ne pas appeler correction, fut le statut des Juifs.
Ce texte est de l'amiral Auphan et il date de 1971.... 30 ans plus tard. Ce texte et d'autres sont parus dans un livre de poche attrayant "Histoire élémentaire de Vichy"
Bien cordialement,
Francis. |