On a déjà écrit tant et tant sur le nazisme que quiconque prétend découvrir des choses nouvelles, sur des points essentiels, se rend suspect de révisonnisme revalorisateur. Je le sais et je l'assume comme un mal nécessaire.
Mais enfin, prétendre que j'édulcore la barbarie du nazisme ou de ses valets n'a jamais mené personne bien loin, et pour cause : ma recherche tend plutôt à mettre plus encore cette barbarie en relief. Quand le détracteur qui cherche à me labourer brise son soc sur ce rocher (s'il est vraiment antinazi, ne devrait-il pas s'en réjouir ? à chacun d'en juger), il ne lui reste que l'invective, la basse injure... ou le silence, solution le plus souvent retenue car ma réplique, pour n'être jamais sur le même ton, n'en est souvent que plus perforante.
Voyons donc le cas de Pétain, en cet octobre 40 qui s'ouvre, comme nous le savons tous ici depuis quelques jours, sur l'adoption du statut des Juifs en conseil des ministres sans décision de publication, et s'achève en gros par le discours justifiant la rencontre de Montoire ("C'est moi seul que l'histoire jugera", 30 octobre). Que dit l'histoire traditionnellement résistante, de Michel à Paxton ? Que le plus important c'est le statut des Juifs, qu'il ne doit rien à une pression allemande et que Montoire est une conversation anodine.
J'essaye quant à moi de donner forme à tout ça. Je repère des structures : Montoire est déjà dans Mers el-Kébir, et le tout dans l'armistice... sauf éjection de Churchill. L'Angleterre s'obstine dans la guerre et le manifeste en coulant des bateaux français ? Tout Vichy en déduit qu'il y a une chance de salut, en se montrant plus "raisonnable", c'est-à-dire plus lèche-bottes. Et c'est Hitler qui freine !
Le statut des Juifs est une carte, présente dans le jeu dès le début de juillet (au moins chez Alibert) et on essaye de la monnayer au mieux. Même chose d'ailleurs pour la Révolution nationale, dont il est aussi question début juillet. Mais tout ça laisse froid Hitler, qui refuse les moyens de déclarer la guerre à l'Angleterre au soir de Mers el-Kébir et laisse les divers clans vichystes approcher Abetz en ordre dispersé.
Arrive Dakar : cet imbécile de Churchill et cet irresponsable de De Gaulle permettent enfin que Vichy tire sur les troupes anglaises sans avoir trop l'air de se soumettre à l'Allemagne : c'est le moment de jouer toutes les cartes et on abat en quelques jours et le statut, et la révolution... mais avant de publier le premier nommé, dont on mesure parfaitement la portée compromettante, on tâte encore le terrain germanique, pour s'assurer que cela va rapporter.
J'aimerais savoir en quoi cette optique montre un Vichy moins abject.
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