Bonsoir,

Tout d'abord, je vous remercie de votre intervention et de votre témoignage.

Je me permets de vous citer :
Les auteurs parlent des « Bataillons de la Jeunesse » comme d’une création indépendante, constituée par des jeunes n’ayant aucune formation militaire et qui par conséquent vont réaliser des attentats inopérants. Ils vont être arrêtés par les brigades spéciales, livrés aux Allemands et exécutés. Fin des Bataillons de la Jeunesse.

Je trouve ce résumé peut-être peu réducteur.
En découvrant, comme vous, avec grand intérêt le fruit de l'enquête minutieuse et pionnière conduite par les deux chercheurs, j'ai eu l'impression de lire le récit et l'analyse d'une suite d'opérations - propagande, sabotages, attentats - exécutées dans un climat d'urgence et d'improvisation quasi inévitable après la confusion qui s'était emparée des cadres et des militants durant les mois où l'occupant nazi toléra le PCF selon les conditions du pacte germano-soviétique.
Ce qui ne signifie pas que tout fut marqué par l'amateurisme et l'inconscience, mais les jeunes communistes furent forcés de basculer d'un attentisme méfiant à un engagement résistant dans une population soumise majoritairement aux mots d'ordre expiatoires et collaborationnistes de Vichy.

Deux questions :
La tête du Parti fut-elle réellement débordée dans les premières semaines qui ont suivi l'attaque nazie de l'URSS ? On en a l'impression...Les consignes eurent-elles du mal à parvenir à la base. Quel est votre avis ?

Je trouve que les deux auteurs nous rapportent bien les contradictions qui bousculèrent les (jeunes) militants avant mais aussi après l'attaque de l'URSS par la Wehrmacht quand ils reçurent l'ordre de passer aux actions violentes.
J'aurais aimé avoir en parallèle un point de vue sur l'état d'esprit et les positions théoriques imposées par les membres dirigeants du PCF. On perçoit un hiatus entre la tête et la base et ce hiatus semble avoir été reproduit lors de la constitution de la mémoire communiste des années de l'Occupation.
De l'extérieur (du parti), le "lâchage" des Bataillons de Jeunesse reste lié à une mémoire que l'on croit trop arrangée et d'où furent exclus certains groupes minoritaires (FTP-MOI).

Cette étude était nécessaire pour ouvrir un nouveau chantier sur des aspects méconnus ou mal compris de l'histoire du PCF durant les années noires.

Bien cordialement,

René Claude