Bonsoir,
Depuis le 26 septembre 1939 le décret Daladier interdit toute activité communiste.
Le gouvernement français a pris cette mesure parce que le PCF s'était aligné sur les positions de Moscou.
La tête du parti avait approuvé le pacte entre Staline et Hitler.
Cet événement a dérouté, déboussolé et aussi écœuré de nombreux militants de base. Il est à l'origine de la désaffection pour le PC et peut expliquer le nombre restreint des premiers combattants qui formeront les Bataillons de jeunesse.
Le découragement et la répression décimèrent les rangs du PCF.
Selon Liaigre et Berlière, depuis septembre 1939, la police a procédé à 11'000 perquisitions, 3'400 arrestations, les préfets ont prononcé 555 internements administratifs en centres de séjour surveillé.
Au moment où le gouvernement de Vichy lancera les rafles de cadres, les policiers n'auront qu'à consulter les listes établies lors de cette première vague d'arrestations. De plus, certains cadres leur auront facilité le travail en apparaissant ouvertement durant les deux mois de "l'illusion légaliste", quand le PCF tenta de s'entendre avec les autorités allemandes.
Ce sont ces cadres qui fourniront les otages enfermés dans le camp de Châteaubriant.
Après deux mois de tractations, de politique "légaliste", le parti communiste clôt une aventure dans laquelle il s'est lourdement fourvoyé et qui laissera des traces durables dans l'appareil. En tout cas, ses compromissions, ses appels à la fraternisation avec les soldats allemands, sa manchette du 17 juin 1940 - "Proletarier alle länder, vereinigt euch [Prolétaires de tous pays, unissez-vous]" -, la libération par l'occupant de plusieurs centaines de militants confortent les représentations policières et aiguisent le zèle répressif : les communistes sont bien des traîtres; avec eux, pas de quartier.
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On verra donc des policiers au service d'un Etat français qui va s'engager sur la voie de la Collaboration avec le Reich pourchasser et interner des cadres communistes qui avaient tenté de s'entendre avec les soldats d'une puissance occupante dont les chefs négocient avec Pétain tout en respectant encore la trêve avec le patron de l'URSS... Il y a de quoi être un peu perdu !
Bien cordialement,
RC |