Bonjour,
A propos de la répression du PCF et des syndicalistes dès septembre 1939, dans son essai La Libération inconnu - à chacun sa résistance, publié ces jours-ci par les éditions Le Cherche midi, Maurice Rajsfus écrit :
Dès le mois de septembre 1939, la répression frappe les militants du PCF et de la CGT. Aux journaux interdits et aux associations dissoutes s'ajoutent les arrestations en grand nombre de dirigeants et d'élus. Le décret du 25 septembre 1939, portant dissolution du Parti communiste, servira de base "légale" à la répression de Vichy. Au 7 mars 1940, il y a déjà 5400 arrestations et 3000 sanctions prises contre les fonctionnaires réputés communistes, tandis que 2778 élus ont déjà été déchus de leur mandat. Le 20 mars 1940, le tribunal militaire de Paris condamne à cinq ans de prison vingt-six députés, quelques condamantions à mort ont déjà été prononcées contre sept parlementaires communistes dont Jacques Duclos et Charles Tillon.
En avril 1940, Paul Reynaud devient chef du gouvernement , et son ministre de la Justice, le socialiste Sérol, propose un décret instituant la peine de mort contre les dirigeants communistes qui n'ont pas été arrêtés et peuvent être accusés de reconstitution de ligues dissoutes.
Dès les débuts de l'occupation allemande, la direction du PCF clandestin (Jacques Duclos particulièrement) est persuadée que le Parti va pouvoir se montrer au grand jour, bénéficiant du parapluie du pacte germano-soviétique. Il se trouve que la police française, au service de l'Etat proclamé à Vichy par Pétain, continue à appliquer les lois de la République lorsqu'elles sont répressives.
Note : On peut aussi voir dans l'application de lois et décrets de la 3e République par le tout récent Etat français un moyen spectaculaire d'affirmer une indépendance dans les décisions politiques. Ces mesures répressives poursuivies et durcies par l'Etat de Pétain peuvent donner à l'opinion publique encore sous le coup de la défaite et de l'occupation nazie l'illusion d'une souveraineté nationale préservée. (Toujours dans le cadre de cette illusion de l'indépendance, on sait que les premières mesures antijuives adoptées par l'Etat français raciste le seront avant même les exigences allemandes.)
C'est ainsi que, lorsque sur ordre du Parti, de nombreux élus communistes tentent de réoccuper les mairies de la banlieue rouge, tandis que dans les grandes entreprises les responsables communistes et les délégués syndicaux reviennent à visage découvert , les décrets visant le parti communiste sont appliqués dans toute leur dureté. Par dizaine, des cadres intermédiaires du PCF sont emprisonnés et, parmi ceux-ci, les futurs fusillés de Chateaubriand.
(p. 33-34)
On retrouve ici les points essentiels énoncés dans l'analyse des deux auteurs du Sang des communistes.
Bien cordialement,
RC |