Bonsoir,
Lors de la Libération, la Belgique à l'instar de la France connaît une période insurrectionnelle lorsque deux mouvements de résistance, les Partisans et le FI (1), tous deux à forte coloration communiste, tentent de s'emparer des leviers du pouvoir.
Sur injonctions de Eisenhower, le gouvernement belge, après avoir longtemps temporisé, va prescrire la démobilisation et le désarmement de tous les mouvements de résistance. Le FI et les communistes refusent catégoriquement. "Pas question de remettre nos armes au "vieux" de Londres (2) qui couvrent des juges qui multiplient non-lieux et mises en liberté des collaborateurs". En novembre 1944, FI et partisans armés patrouillent toujours dans les grandes villes. C'est l'épreuve de force, marquée le 15 novembre par la démission des ministres résistants. Le 25 novembre, les résistants FI, bien armés, marchent sur Bruxelles et se dirigent en masse vers le siège du gouvernement en scandant "Demany au pouvoir" (3). Curieusement, les leaders communistes entraînent le cortège vers le Cirque Royal pour y tenir un meeting de protestation, au lieu de marcher vers le quadrilatères des ministères. Les jours suivants, comme par enchantement, le FI va désarmer. Manifestement les leaders communistes font échouer la tentative de putsch.
Que s'est-il passé? L'historien français, Jacques de Launay, avance l'hypothèse suivante:
*** Dans ce temps où les Soviétiques redoutent encore un renversement d'alliance des Occidentaux et où l'Armée Rouge doit digérer ses conquêtes de l'Europe orientale, Staline a demandé la modération et Berey (4) a transmis la consigne au parti belge. Ce même jour Thorez a reçu de Staline des consignes similaires pour le parti français. ***
A-t-on connaissance de consignes précises de Staline à Thorez?
Bien cordialement,
Francis.
(1) FI : Front de l'Indépendance. (Voir glossaire en cliquant sur la loupe à décrypter)
(2) Les "vieux" de Londres: le gouvernement belge en exil à Londres.
(3) Fernand Demany : résistant, nommé ministre dans le gouvernement formé à la Libération.
(4) De nationalité hongroise, Berey est l'envoyé spécial clandestin de Moscou à Bruxelles. Fidèle exécutant de Staline, Berey connaît parfaitement la Belgique où il travaillait avant-guerre pour le Kominterm. Après la guerre, dans son pays, il deviendra Secrétaire d'Etat à l'Intérieur. |