Bonjour, M. Lorenceau.
Je partage les doutes de MM. Favre et von Felten, et ce pour les raisons suivantes.
Il est vrai qu’avant la guerre, Hans Hausamann a mis seul sur pied un service de renseignements. Mais au tout début du conflit, ce dernier est intégré dans le SR suisse. Si le chef de « Pilatus » (nom de code du Bureau Ha) a su s’assurer quelques avantages, il est un fait que l’organisation dépend depuis ce moment-là de l’Etat-major de l’Armée. Des soldats effectuaient leur service militaire sous ses ordres. Le colonel brigadier Masson n’est donc pas son client, mais son supérieur. Par ailleurs, le Bureau Ha ne s’autofinançait pas. Au contraire, il recevait annuellement un crédit stable de 150'000 francs suisses, soit, en 1942, l’équivalent des crédits cumulés des sections Axe et Alliés (voir AF 5795/327).
Je vous accorde que le major Hausamann était en relation avec des membres de services de renseignement étrangers. Il était par exemple en relation avec Allen Dulles (voir Pierre-Th. Braunschweig, Geheimer Draht nach Berlin). On sait également depuis l’ouvrage de Read et Fischer son rôle dans la chaîne que reliait Ultra à Staline via Rudolf « Lucy » Rössler. Je n’ai jamais, par contre, trouvé mention d’un lien entre Hausamann et Schellenberg, ni chez Braunschweig – qui souligne bien que le chef du Bureau Ha était un des plus farouches opposants de la ligne Masson-Schellenberg – ni dans les documents du SR.
Je ne vois pas non plus quels renseignements le chef de l’Amt VI du SD pouvait acheter au major Hausamann, dont le service était essentiellement destiné à l’espionnage de l’Allemagne.
Je n’ai jamais trouvé non plus mention d’un lien entre la Ligne Wiking, traitée par le major Emil Häberli, chef du poste extérieur « Pfalz » à Bâle, et le Bureau Ha. De plus, à ma connaissance, les noms des membres de cette ligne n’étant pas connus pour sûr (j’ai moi-même amené le nom de deux personnes y ayant très probablement pris part, l’un l’aurait même dirigée, mais je sais fort peu de chose à leur sujet), je trouve que c’est prendre beaucoup de risque de la considérer comme pronazie. |