J'ai comme une impression que l'histoire tout d'un coup s'accélère et qu'un certain nombre de bonnes questions, non encore posées, le sont enfin.
Question préalable : les interrogatoires cités de Schellenberg proviennent-ils directement d'un fonds d'archives ou sont-ils publiés quelque part ?
Vous vous doutez sans doute que, pour moi, sur de pareilles matières, Hitler décide, et Hitler pilote. Qu'il s'agisse des Juifs, des Anglais ou, à plus forte raison, d'une question qui concerne à la fois les uns et les autres.
J'invite tout le monde à se reporter aux fils du forum beige sur lesquels j'ai commencé d'exposer mes découvertes récentes, dans le prolongement de celle, faite par Martin Allen, du télégramme Lequio :
Votre problème de date ne viendrait-il pas d'une confusion entre le voyage de Hohenlohe à Madrid de mai 1942 avec celui de mars 1941? En tout cas, Schellenberg, sauf erreur, ne fait pas la moindre allusion à celui de 41.
Or au stade actuel du surgissement des documents, c'est seulement alors que Churchill et Hoare agissent comme larrons en foire, à l'insu de la masse du Foreign Office mais non, je suppose, de son chef (qui pourrait avoir transmis l'ordre d'agir à Hoare et Hillgarth lors d'une escale à Gibraltar, mi-février).
Pour l'instant, je ne trouve rien qui indique que les Allemands aient soupçonné ce jeu : il me semblent avoir cru jusqu'au bout que Hoare avait sincèrement tenté de renverser Churchill, après avoir tâté le terrain auprès d'eux, et qu'il avait échoué -d'où leur tentative de renouer un fil avec lui au printemps 42.
Par ailleurs, je suis bien d'accord que les Juifs sont, pour les nazis, matière à chantage (et là encore je ne vois guère de raisons de supposer que Hitler ne soit pas à la manoeuvre), mais je ne vois rien qui incite à penser que Hoare et Churchill leur semblent plus sensibles en la matière qu'Eden.
En fait il y a là deux questions dont la plus intéressante, et de loin, me semble être celle des tentatives de paix et de retournement, par l'Allemagne, des Alliés occidentaux contre la "menace rouge".