J'ai raté la première moitié de la première partie, donc impossible de vous répondre sur ce terrain - sauf à téléch... à me procurer le film.
En tous cas, la nomination de Rommel ne me paraît pas résulter d'une erreur d'appréciation de Hitler dans les rapports germano-italiens. Tout d'abord parce qu'à ma connaissance, le mépris que portaient les officiers allemands à l'armée italienne, ce "renard tué à ciel ouvert" en Libye, était assez généralisé - Franz Halder, patron de l'O.K.H., en était le vecteur le plus représentatif. Ensuite parce que Hitler a cherché à médiatiser la campagne d'Afrique.
Alors qu'il va envahir la Russie, il se passe en effet des services de l'un de ses plus brillants chefs de chars... et l'un des plus connus de la population. La légende de Rommel a été amorcée au cours de la campagne de 1940, les exploits de sa 7. Panzerdivision, rebaptisée "Division fantôme", ayant été montés en épingle par la Propagandastaffel, au point qu'un film reconstituant la bataille de France sera tourné avec l'aide de Rommel, de ses hommes et de ses chars - l'"ennemi" étant incarné par des troupes coloniales françaises, cela va sans dire.
A un diplomate italien, Hitler confiera que Rommel a été placé à la tête du D.A.K. par volonté de nommer un meneur d'hommes à la tête d'une troupe ayant à combattre dans des conditions difficiles. Il évoquera le parallèle avec un autre "héros" de la propagande allemande, le général Dietl, chargé de mener ses troupes de montagne à Narvik.
Pour convaincante qu'elle soit, l'explication du Führer n'était pas suffisante. Car tout, dans l'envoi de ce corps d'armées, respirait la médiatisation à outrance. Le nom même de la formation, Afrika Korps, est une trouvaille géniale dans son genre. Il me paraît de surcroît évident que le Führer savait fort bien que Rommel ne s'en tiendrait pas à une plate stratégie défensive - dans le cas contraire, pourquoi envoyer un Libye un fonceur pareil ? Dès lors, il se préoccupait peu de ce que pouvaient penser les Italiens, d'autant qu'in fine Rommel dépendait bien plutôt du G.Q.G. nazi que du Commando Supremo.
Assurément, l'envoi aussi tapageur d'une unité motorisée dirigée par un prestigieux commandant de Panzer ne se limitait pas à la volonté d'aider les Italiens. Il fallait également effacer les mécomptes rencontrés par l'armée du Duce par un coup d'éclat, infliger une terrible leçon aux Britanniques, leçon qui s'intégrait dans un scénario plus vaste censé faire tomber Churchill et amener la Grande-Bretagne à signer la paix, outre de faire croire aux Soviétiques que l'attention de l'Allemagne était tournée vers elle : envoi du Bismarck dans l'Atlantique, durcissement du Blitz, invasion de la Grèce (et de la Yougoslavie à la dernière minute), envoi des parachutistes sur la Crète, révolte irakienne, menace d'un accord militaire avec Vichy... Bref, Rommel et ses hommes n'étaient que des pions sur un immense échiquier géopolitique. La conquête de Suez, les relations avec ce pantin de Mussolini, passaient après cette stratégie de la dernière chance avec l'Angleterre, à la veille de Barbarossa. |