Vous avez raison quand vous déclarez que l'armée italienne du Duc d'Aoste était constituée de bric et de broc et notamment de 200.000 "ascari" à la fidélité très inégale. Il reste néanmoins qu'il faudrait plus d'un an pour mettre à genoux un adversaire pris dans un cul-de-sac (les dernières troupes du général Nasi capitulèrent en novembre 1941, sur le lac Tana). Cette guerre, hormis quelques bataille d'envergure comme Keren (la plus importante, que l'on peut diviser en deux affrontements majeurs) ou l'Amba Alagi, ressemble davantage à une guérilla, voire à un "cache-cache". Comme vous le précisez fort justement, beaucoup d'unités "décrochèrent", fort logiquement, par manque de moyens (plus de munitions, matériel insuffisant, plus de pièces de rechange pour les véicules, plus de carburant, manque de vivres et de matériel sanitaire, etc.). Les offensives de l'été 1940 contre des postes avancés du Soudan et du Kenya, puis l'occupation de la Somalie britannique ne sont pour moi qu'un baroud d'honneur car les troupes italiennes étaient condamnées à la capture, à plus ou moins long terme (comme vous le signifiez, quelques rafiots de la Regia Marina ne pouvaient assurer la maîtrise de la mer Rouge!). Les conditions climatiques et la nature du terrain ont été des difficultés de premier ordre (identiques à celles connues par les Italiens en 1935-36). Du côté de l'aviation, les Italiens disposaient de chasseurs Fiat CR 32 et CR 42, de quelques trimoteurs Savoia-Marchetti SM 79, puis de Caproni Ca 133 (transport), quelques vieux bombardiers SM 81 et une poignée de Ro 37bis (reconnaissance). En face, ce n'est pas brillant, du moins au début: de vénérables coucous (Vickers Vincent, Vickers Wellesley, Hawker Fury,...) appartenant pour la plupart à l'aviation sud-africaine, les plus modernes étant des Blenheims, des Martin 167F (dont quelques français: deux furent abattus, le 8 septembre et le 16 décembre 1940, équipages tués ou prisonniers) et des Gloster Gladiator. Les Hurricane arrivèrent rapidement mais subirent des pertes sensibles (au moins 3 furent abattus par de vénérables CR 32 et de nombreux autres le furent par des CR 42). Les Italiens reçurent le renfort de quelques CR 42 démontés et embarqués dans des trimoteurs et réussirent à hanter les cieux pratiquement jusqu'à la fin des hostilités dans la région. Notons aussi que le plus grand "as" de la campagne fut italien, le capitaine Visentini, avec 16 victoires homologuées (il périt dans un accident en tentant de porter secours à un camarade). Pour répondre à Laurent, je ne suis pas très au fait des chars britannique dans la région: très certainement des Vickers Mk VIb, peut-être une poignée de Matilda et probabement quelques chars moyens du type "cruiser"; en face, quelques M 11/39, L 3/33 et quelques automitrailleuses antédiluviennes. |