Bonjour,
*** Ce papier semble témoigner de liens assez proches entre Camus et Frenay ... *** (François Delpla)
J'ignore si Camus et Frenay entretenaient des liens solides. Frenay n'en donne pas l'impression. Dans son livre "La Nuit finira", Albert Camus est cité deux fois de manière très succincte.
Page 461, parlant de Pascal Pia : *** Dans la dernière année, il (Pia) a amené au journal plusieurs collaborateurs de talent et en premier lieu Albert Camus dont la haute valeur morale, l'esprit généreux, la rigueur du style, ont en quelques jours donné le ton au journal. *** Un bel hommage, bien sûr, mais qui n'indique rien de plus.
Page 495 à propos de la condamnation de Robert Brasillach: *** La condamnation à mort de Brasillach, après un procès d'une très haute tenue, provoque une grande émotion dans les milieux littéraires. François Mauriac prend l'initiative d'une pétition pour obtenir sa grâce. Chaque jour dans "Combat", je vois la liste des signataires s'allonger et j'y trouve parfois avec surprise, les noms les plus éclatants: Albert Camus, Paul Claudel, Jean Paulhan, Paul Valéry, Jean-Louis Barrault, Jean Cocteau, etc. ***
Frenay s'en étonne car il ajoute aussitôt: *** La grâce est impossible. Elle est même impensable. Ce serait la négation de toute justice. ....***
Plus révélateur est l'incident de fin mai 1945 lorsque Frenay souhaite répondre aux accusations parues dans 'L'Humanité". A cette fin, Frenay présente à Pascal Pia quatre articles à faire paraître dans "Combat".
*** Quand, rue Réaumur, au siège du journal, je présente mes papiers à Pascal Pia, il ne me cache pas son grand embarras. - Vois-tu, me dit-il, je ne peux prendre sur moi de publier tes articles (...) je dois en parler d'abord aux camarades de la rédaction avec qui nous faisons équipe...***
*** Le lendemain la réponse, bien qu'assortie de propos amicaux, est négative. *** (page 532).
Or nous savons que Pia, bien que rédacteur en chef, n'exerce aucune autorité et que c'est Albert Camus qui impose la ligne de conduite du journal. On peut raisonnablement penser que l'assemblée des journalistes refuse la publication des "papiers" de Frenay sous l'impulsion de Camus.
Ceci dit, comme nous l'annonce René, la publication par les éditions Gallimard des articles et éditoriaux de Camus pourrait nous éclairer un peu plus.
Bien cordialement,
Francis. |