Je préfère vous laisser ce surprenant axiome, et vous inviter à répondre aux points que je soulève dans mon message précédent.
En substance, et s'agissant de votre vision du "processus décisionnel" ayant mené à l'extermination, une chose m'étonne, chez vous. Vous prêtez à Hitler un certain talent pour tirer parti des divisions affectant ses subordonnés - et vous le démontrez fort bien, à propos des généraux allemands en mai 1940, dans La ruse nazie. Vous reconnaissez même que l'information, s'agissant du génocide, peut être différenciée selon les personnes et les dates.
Mais de toute évidence, vous peinez (un peu) à utiliser cette grille de lecture aux plus hautes instances SS et nazies. Vous heurtez (de manière certes moins violente) le même écueil que les autres spécialistes du génocide juif (en particulier Florent Brayard), à savoir une difficulté de hiérarchiser les agents du génocide, et à distinguer les rôles de Himmler et Heydrich. Ces deux là partageaient certes une ambition démesurée et une fidélité inconditionnelle au Führer, mais étaient loin de s'apprécier mutuellement, et il me paraît évident que Heydrich recherchait à occuper, un jour, le poste auquel s'accrochait Himmler - lequel en profitera, après l'attentat de Prague, pour réorganiser le RSHA du défunt Heydrich pour mieux le contrôler.
En ce sens, il ne me paraît non moins évident que Hitler s'est servi de cette rivalité pour mieux imposer l'extermination. Pour convaincre Heydrich, il s'est attaqué à son orgueil et son ambition. Pour convaincre Himmler, il a fait appel à son autorité et au contexte de l'an 41. |