Albert Camus entre à COMBAT - A la vie à la mort, l'histoire du journal "Combat" - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

A la vie à la mort, l'histoire du journal "Combat" / Yves-Marc AJCHENBAUM

 

Albert Camus entre à "COMBAT" de René CLAUDE le mercredi 05 février 2003 à 20h44

Bonsoir,

Un petit rappel du parcours de journaliste de Camus depuis Alger jusqu'à la rédaction de "Combat" :
Il est arrivé à Paris en mars 1940 après avoir perdu son job au "Soir Républicain", suspendu lui aussi après "Alger Républicain",accusé d'être un organe communiste. (c'était en gros la même rédaction). Pascal Pia est un ami de Camus. Il fut le directeur d'"Alger Républicain" et avait rejoint le "Paris-Soir" de Pierre Lazareff. Pia pistonne Camus au poste de secrétaire de rédaction à "Paris-Soir".
Réformé car tuberculeux, il propose néanmoins ses services lors de l'offensive allemande de mai 40. Sans succès. Il se replie sur Clermont-Ferrand où il apprend la signature de l'armistice. "Paris-Soir" est installé à Lyon. Camus y travaille jusqu'en janvier 1941. Marié, il repart pour l'Algérie (Oran) avec Francine, sa jeune épouse.
Il s'ennuie à Oran dans sa belle-famille et assiste, écoeuré, à la mise en place des mesures antisémites imposées par l'Etat français. Pascal Pia est resté à Lyon. Il demande des manuscrits à Camus afin de les faire lire à Paulhan chez Gallimard; l'éminence grise du comité de lecture - qui aide le groupe du Musée de l'Homme et est protégé par Drieu et Gaston Gallimard - est séduit. Il décide Gaston à lui faire un contrat d'auteur pour "L'Etranger". Le roman passe la censure du lieutenant Heller. Paulhan déconseille à Camus de publier les bonnes feuilles dans la Nouvelle Revue Française devenue pro-allemande sous la direction de Drieu.
En juillet 42, les Camus sont en France afin qu'Albert soigne une crise de tuberculose. Francine, enseignante, rentre à Oran. Albert y restera une année. En 1943, il écrit "la Peste" et prend contact avec la Résistance, toujours grâce à Pia qui est chez "Combat" dirigé par Henri Frenay. Automne 43, il est à Paris, Gallimard l'ayant engagé comme lecteur. Il fait partie de l'équipe du journal "Combat" et quand Pia devient un membre actif du Comité National de la Résistance (CNR), Camus le remplace au poste de rédac'chef du journal clandestin qui existe depuis 1941.
Novembre 1943 : "Combat" tire à 300'000 ex. Camus y a attiré Sartre et Mascolo qui donnent des articles.
Il se ramasse avec sa première pièce à Paris,"le Malentendu", mais il tombe amoureux de la superbe Maria Casarès qui ne reste pas insensible au charme latin de Camus. (André Castelot -oui, le futur complice de Decaux- l'éreinte dans "la Gerbe", une revue culturelle collabo.)
Lors d'une rafle, Camus parvient à passer la maquette du prochain "Combat" à Maria Casarès. Il en réchappe et va se planquer chez les Gallimard, à la campagne.
A la Libération, les journaux issus de la Résistnce s'installent dans l'immeuble occupé par des feuilles collaborationnistes. Le 21 août 1944, après avoir réussi a publier et à distribuer 58 numéros clandestins, "Combat" sort librement. La première manchette annonce :"De la Résistance à la Révolution", tout un programme qui dit bien les espoirs des mouvements et plus particulièrement de celui qui est devenu une force politique, "Combat" dirigé par Frenay. (qui n'a donc pas viré vers la droite dure, malgré les efforts de Bénouville lors de son intérim quand Frenay était à Londres puis à Alger. Frenay est alors un des ministres du général de Gaulle.)
Camus et Pia arrivent à faire de "Combat" un journal indépendant, ce qui est une véritable prouesse en ces temps de confrontations politiques plutôt vives. Camus affirme le besoin de balayer les hommes de la 3e République certains ayant été recyclés par Vichy dont il perçoit le retour ici ou là... Les forces réactionnaires qui ont soutenu Pétain, craint le PCF et accepté de Gaulle du bout des lèvres ne veulent pas d'une mutation en profondeur telle que la réclame l'éditorialiste de "Combat", prolongeant l'exigence de certains des chefs des MUR. (Dont Frenay, il faut le dire) On résume : justice sociale, humanisme, liberté de la presse et un contrôle mesuré de l'Etat sur l'économie pour installer une sorte de travaillisme à la française, une nouvelle gauche non communiste. Malraux, qui cherche aussi une autre voie en défendant le Mouvement de Libération Nationale opposé au PCF , vient au journal en uniforme de colonel de la division Alsace-Lorraine; il frime un peu et propose 10 idées à la minute...Malraux, quoi !
1946 : Les feux de joie et les espoirs de la Libération sont éteints, la Révolution n'a pas eu lieu. "Combat" peine à garder son lectorat avant de le perdre lentement. Camus prend ses distances avec le journal. Raymond Aron, alors que Camus était aux USA, est devenu l'un des éditorialistes très écoutés de "Combat". La gauche de la rédaction se plaint.
En 1947, Camus accepte de retravailler plus régulièrement pour le journal. Claude Bourdet a trouvé un financier en la personne d'Henri Smadja. Mais Camus ne veut plus suivre. En juin 1947, Camus, Pia, Jacqueline Bernard, Bloch-Michel et Ollivier ont vendu leurs actions à Bourdet à leur valeur nominale. Le 3 juin, Camus donne son ultime éditorial.

J'ai utilisé l'essai de Michel Winock, "Le Siècle des Intellectuels" Seuil/Points 1999, un livre remarquable et très utile pour mieux comprendre les grands engagements du des intellectuels francais dans le XXe siècle, de Barrès à Sartre.
Et également, très complète, la bio d'Olivier Todd, "Albert Camus, une vie" Gallimard 1996.

Francis pourra nous apporter des infos sur le rôle et la position d'Henry Frenay lors de cette période charnière mais qui est un peu "oublié" dans ces études de "Combat", comme si la célébrité de Camus l'éclipsait.

Amicalement,

René Claude

*** / ***

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décrypter

 

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2*** contribution effacée
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