FD> Et Multon, l'homme aux cent camarades trahis, à ton avis il aurait aussi fallu, sous prétexte de courage antérieur, le faire juger, voire exécuter, par des résistants pur sucre ?
Plutôt que mon avis qui ne serait être très étayé, je redonnerai celui de Frenay :
***Si, comme des millions de Français, il était resté bien tranquille, chez lui, il n'aurait pas connu le risque d'être un lâche, et de trahir. Il aurait même été peut-être un brillant F.F.I. d'août 1944.
Oui, mais je le sais, je l'ai dit et cela ne peut pas, ne doit pas être autrement : l'homme est responsable et celui-ci, si pitoyable qu'il m'apparaisse aujourd'hui, est responsable de tant de supplices et de tant de morts...
- Multon, vous êtes venu remettre votre sort entre mes mains. Votre sort appartient à la justice et non à moi-même. Il est tracé…
Multon sera jugé et, quelques mois plus tard, fusillé.***
FD> D'autre part, qui mets-tu en cause quand tu déplores que la reconnaissance par Camus de la culpabilité de Hardy ait ajouté aux ennuis de Frenay ?
Ce n'est pas ce que je voulais dire. Frenay subissait beaucoup d'attaques injustifiée et celle liée à l'affaire Hardy s'ajoutaient aux autres, qu'elle soit justifiée ou non, et je comprends qu'il ait cherché à s'en prémunir, même si sur le plan historique je le regrette.
FD> Soupçonnes-tu une seconde que cet édito ait pu ne pas être une commande ?
Bin oui. Je prête à Camus suffisamment de personnalité pour agir de son propre chef et Frenay nous dit justement que, quand il a voulu faire passer des articles pour se défendre des attaques communistes, les portes de Combat se sont fermées.
FD> Qu'il soit le pavé de l'ours d'un Camus Rantanplan volant maladroitement, à son insu, au secours de Frenay ?
Ou au secours d'Hardy. Les gens épris de justices sont souvent des grands naïfs maladroits.
Jacques Rantanplan (à Joe Delpla) |