Alors tout s'explique... - Massacre à Malmédy ? Ardennes: 17 décembre 1944 - forum "Livres de guerre"
Pour profiter de
tous les avantages
de ces pages, vous
devez accepter
les cookies



Forum
des livres, revues, sites, DVD, Cd-rom, ... , sur la 2e Guerre Mondiale, de 1870 à 1970
 
 Le débat sur ce livre
 
 L'accueil
 Le menu
 Le forum
 Les livres
 Ajouter un livre, ...
 Rechercher
 Où trouver les livres ?
 Le Glossaire
 Les points
 Les pages LdG
 L'équipe
 Les objectifs
 La charte
 Droit de réponse
 L'aide
 
 
 

 


La description du livre

Massacre à Malmédy ? Ardennes: 17 décembre 1944 / Gerd J Gust Cuppens

En réponse à -6 -5 -4 -3 -2
-1Histoire et légende de Francis Deleu

Alors tout s'explique... de Nicolas Bernard le mardi 21 décembre 2004 à 00h59

De Launay s'est trompé car il s'est basé sur des souces... néo-nazies. Francis Deleu nous en donne la liste :

> - Déclarations du médecin-dentiste de la prison de
> Schwäbisch Hall, le docteur Edward Knorr, le 29 mai 1948;
> de l'un des infirmiers, Dietrich Schnell, le 10 janvier
> 1948 et de plusieurs prisonniers SS, in. E. Kern,
> Deutschland im Ab­grund. Gottingen 1963, pp. 173-178.
> - Mais aussi K.W. Ham­merstein, Landsberg, Henker des
> Rechts. Wuppertal 1952, pp. 190-210.
> - Et encore Hans Grimm, Warum - Woher - Aber Wohin ?
> Lippoldsberg 1954, p. 487.

Tout d'abord, le "E. Kern" cité par Jacques de Launay se fait appeler Erich Kern. De son vrai nom Erich Kernmayer, c'est un ancien SS autrichien, un SS-Sturmbannführer de la Division Das Reich - eh oui, il faisait partie des bouchers du Limousin ! Après la guerre, il militera dans des associations et des partis néo-nazis, et cherchera à réhabiliter sa branche d'arme par la publication d'ouvrages nostalgiques et suintant le négationnisme. Dans Der grosse Rausch, publié à Zurich en 1948, il raconte par exemple que sa division s'est comportée correctement avec les Juifs de la ville soviétique de Kherson - alors qu'elle a participé à leur extermination. Son Deutschland im Abgrund. Das falsche Gericht, publié en 1953, est un concentré de propagande néo-nazie : tout en prenant la défense des SS et du national-socialisme, Kern reprend à son compte la propagande anti-alliée et antisémite de Goebbels...

Par la suite, Kern fera partie des dirigeants de la revue d'extrême-droite Nation Europa - véritable organe de propagande extrémiste à l'échelle européenne, auquel collaboreront des fascistes bien connus tels que le Français Maurice Bardèche et le Britannique Oswald Mosley, ainsi que le proche collaborateur de Goebbels, Werner Naumann :

En 1979, Kern ira jusqu'à chanter les louanges d'un certain Robert Faurisson... La bio du personnage est accessible ici, en allemand :

Quant à Hans Grimm, il n'était autre qu'un propagandiste nazi, théoricien de la colonisation d'un espace vital. Après la guerre, il s'attaque aux "criminels de guerre alliés", au procès de Nuremberg, aux Britanniques fauteurs de guerre, ces abrutis qui n'ont pas compris que s'allier avec le Reich était le plus sûr moyen de défendre la race aryenne et de combattre le fléau bolchévik. Il prend naturellement la défense des accusés du procès de Dachau dans Warum, woher, aber wohin ?, y ajoutant que Hitler était "le plus grand homme d'Etat que l'Europe ait connu". Voir : et ainsi que

J'ignore en revanche totalement qui est ce Hammerstein, mais il a sans doute repris à son compte la propagande entourant le procès de Dachau.

Le fait est que De Launay a été dupé par ses sources. S'il avait examiné plus attentivement les affirmations de Kern, il aurait appris que le "docteur Edward Knorr" n'était pas américain, comme il a l'air de le sous-entendre, mais... allemand. Il s'agissait d'un dentiste de Schwäbisch Hall, Eduard Knorr, employé par les autorités américaines. Il aurait déclaré devant le notaire (allemand) de son bled qu'il examinait régulièrement la dentition des prisonniers, et que 15 à 20 d'entre eux avaient révélé des blessures à la bouche et aux dents, compatibles avec des passages à tabac - affidavit du 29 mai 1948.

Problème : l'assistant de Knorr a confirmé devant le Comité juridique du Sénat américain que cet affidavit ne résultait pas des déclarations du dentiste, mais d'un groupe d'avocats allemands. Plus troublant encore : les dossiers dentaires de Knorr avaient disparu... Etonnant, vraiment ? Absolument pas : l'enquête a révélé qu'un seul prisonnier SS avait été traité par un dentiste allemand - les autres étant habituellement examinés par des dentistes américains.

En d'autres termes, des avocats allemands ont utilisé le nom de Knorr pour asseoir la version selon laquelle un dentiste pouvait corroborer les fantasmatiques mauvais traitements infligés aux assassins de Malmédy... Quand au second témoin, Dietrich Schnell, il est le seul infirmier à avoir témoigné de mauvais traitements. Et pour cause : il était un membre du NSDAP, un Blockleiter, réputé pour être hitlérien fanatique.

Voir à ce sujet Tom Bower, Blind Eye to Murder. Britain, America and the Purging of Nazi Germany - A Pledge Betrayed, Warner Books, 1995, p. 324.

Les déclarations de Schnell et - si l'on veut - de Knorr ont de toutes les manières été démenties par toutes les expertises médico-légales pratiquées de 1946 à 1949 : les prisonniers n'ont souffert d'aucun mauvais traitement, dixunt les experts. Les SS avaient purement et simplement menti. Tout comme leurs avocats et leurs alliés. Ce que se gardent bien d'évoquer Erich Kern et consorts.

Certes, il y a le juge Van Roden :

> Quelques extraits du livre de de Launay:
> " (...) le secrétaire américain de la défense, Kenneth
> Royall, reprenant les pièces du dossier, à la demande
> persistante de l'avocat Willis Everett Jr, d'Atlanta,
> ex-lieutenant-colonel défenseur américain au procès de
> Dachau, décida d'envoyer à Dachau une commission
> d'enquête, présidée par le juge Edward van Roden. Malgré
> l'opposition du secrétariat à la défense, van Roden décida
> de rendre public les résultats de son enquête (Chicago
> Tribune du 13 septembre 1948).

Plus exactement, la (petite) commission a rendu son rapport à ce moment là, comme prévu. Il ne s'agit pas de l'enquête du seul Van Roden, mais d'une investigation menée par un groupe de trois hommes dirigé par le juge Gordon Simpson, de la Cour suprême texane. Le rapport recommandait de commuer les peines de mort en peines d'emprisonnement. Van Roden, intoxiqué par des informateurs vicieux et par Everett (voir l'ouvrage de Weingartner à ce sujet), y formulait également quelques doutes sur la procédure suivie...

Comme je l'ai écrit dans mon message précédent, c'est en février 1949 qu'un journal libéral du Wisconsin (l'Etat de McCarthy), The Progressive, publiera un article signé Van Roden, dans lequel on trouvera ceci :

> Et l'auteur d'énumérer la liste des sévices infligés aux
> accusés. Un seul exemple qui, par sa précision, accrédite
> la légende:
> (...) Sur les 139 cas qu'il examina à Dachau et à
> Schwäbisch Hall, le juge découvrit que seuls deux soldats
> n'avaient pas eu les testicules écrasés par leurs
> interrogateurs (...)

Jacques De Launay n'a certainement pas eu sous les yeux l'article du Chicago Tribune, ni l'article du Progressive - dans le cas contraire, il n'aurait jamais commis cette confusion. Là encore, il a été trompé par ses sources. Mais le vrai problème est ailleurs.

Car Van Roden a publiquement reconnu, au cours des audiences du Congrès, qu'il s'était planté. Son principal informateur, l'ex-nazi Friedrich Eble, s'était avéré être mentalement instable et l'enquête avait révélé qu'il avait tout inventé (Tom Bower, op. cit., p. 324-325). Van Roden a même nié avoir écrit l'article du Progressive - ce qui n'a guère convaincu - il a ajouté qu'il ignorait combien d'accusés SS avaient été frappés ou avaient eu leurs testicules broyés (Gallagher, Malmedy Massacre, op. cit., p. 129). En d'autres termes, son témoignage devant le Comité juridique du Sénat annihilait la légende des tortures - et la propagande extrémiste s'abstiendra d'en parler...

Autrement dit, rien de ce qu'écrit Jacques De Launay n'est conforme à la réalité. Van Roden s'était trompé et l'a reconnu - l'enquête l'avait d'ailleurs formellement établi. Knorr n'a vraisemblablement examiné qu'un seul accusé SS et n'a vraisemblablement pas tenu les propos que les avocats allemands lui ont prêté, de même que l'ancien membre du NSDAP Dietrich Schnell a voulu couvrir ses anciens Kameraden : leurs déclarations ont été démenties par les expertises médicales.

De Launay a été trop confiant envers sa ou ses sources. L'ironie tragique est que cet ancien Résistant doublé d'un grand journaliste a bêtement recopié - sans le savoir - la propagande scandée par l'extrême-droite allemande, dont un ancien de la Das Reich...

*** / ***

lue 2817 fois et validée par LDG
 
décrypter

 

1 A qui se fier ? de Francis Deleu 29 déc. 2004 20h13
2 Relais involontaires de propagande de Nicolas Bernard 30 déc. 2004 18h44
1 Otez-moi d'un doute ! de Francis Deleu 30 déc. 2004 17h39
2 On pourra au plus en déduire... de Nicolas Bernard 30 déc. 2004 18h48
2 Jacques de Launay et Dresde de Laurent Laloup 03 mars 2005 18h36
3 Le "cas" de Launay de Francis Deleu 03 mars 2005 22h25
4 Oui, oui,.............. de Prosper Vandenbroucke 03 mars 2005 22h53
4 Par anticommunisme... de René CLAUDE 31 mai 2005 12h53
5 Merci pour.......... de Prosper Vandenbroucke 31 mai 2005 21h40
6 C'est la guerre dans toute son horreur! de r00lf 30 janv. 2007 09h19
7 ou est la verité? de Léon BEL 30 janv. 2007 14h22
8 L'affaire Peiper de Roger Martin. de René CLAUDE 30 janv. 2007 14h33
9 Explication "classique" de Thiriel 30 janv. 2007 15h20
10 Dès que possible... de René CLAUDE 30 janv. 2007 15h32
11 Mort de Peiper, de Prosper Vandenbroucke 30 janv. 2007 20h28
12 Dans Le Mag'44 de décembre 2006 de René CLAUDE 30 janv. 2007 20h53
10 Sur l'auteur de René CLAUDE 30 janv. 2007 20h30
11 Recensement de René CLAUDE 30 janv. 2007 20h39
9 Peiper n'est pas mort ce jour la de fun history 12 octo. 2011 18h14
10 Ah bon.......... de Prosper Vandenbroucke 12 octo. 2011 20h43


 

Participer à l'ensemble du débat sur Massacre à Malmédy ? Ardennes: 17 décembre 1944



Pour contacter les modérateurs : cliquez !

 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes