... leur déniant, de fait, leur véritable place dans la Résistance française au prétexte qu'elles ne sont pas mises aveuglément au service exclusif de la France libre.
Pour donner à qui que ce soit une place dans la Résistance, il faudrait d'abord se mettre d'accord sur la signification de ce mot.
Pour moi, la Résistance est une double résistance : elle résiste à l'Allemagne et elle résiste à la dictature de Pétain. Elle n'a pas pour unique objectif la libération du territoire de son occupant mais elle a aussi l'intention de changer le régime politique de la France.
Suivant cette définition, on peut donc distinguer deux types de résistance : la résistance communiste et la résistance républicaine.
Maintenant, ceux qui voient en Weygand, Giraud des "Résistants", pensent probablement que la Résistance a une autre définition et qu'elle peut se contenter de résister à l'Allemagne sans remettre en cause le régime de Pétain. Weygand a été ministre à Vichy et soutiendra toujours Pétain, Giraud "ne fait pas de politique" ...
Mais cette 2e définition n'est, à mon avis, pas celle retenue par la majorité de ceux qui utilisent le mot Résistance et pour éviter de tromper les lecteurs en introduisant une confusion, le terme de Vichysto-Résistant conviendrait mieux.
Mais la Vichysto-Résistance réunis deux termes dont l'histoire nous montre qu'ils sont incompatibles. Pouvait-on s'opposer au nazisme tout en approuvant un régime qui s'en inspirait et tentait de devenir son allié militaire ?
Certains ont crié immédiatement à la "trahison vichyste" : la France Libre est dans ce cas. D'autres ont cru au début, pouvoir concilier Vichysme et résistance mais ont assez rapidement changé d'avis : Frenay par exemple.
Mais Weygand ? Il emprisonne ceux qui tentent de rejoindre la France Libre, il applique les lois raciales, il fournit, en maugréant, des canons à Rommel, il accepte son remplacement et cesse volontairement toute activité "résistante" quand enfin les choses sérieuses commencent.
Mais Giraud ? Il succède à Darlan, s'appuie sur les provichyste de l'Afrique du Nord et n'évolue vers un plus grand respect des "droits de l'homme" que contraint et titillé par ceux qui ont un peu plus de lucidité politique (Monnet).
Mais Saint-Ex ? Ne décryptant pas la réalité pétainiste, il croit que la France Libre est un séparatisme injustifié et se retire sur sa petite planète, devenant le symbole d'une neutralité qui fait les affaires de Vichy. Quand il ouvre les yeux, il paye, malheureusement pour lui, pour cette position symbolique. Ha, Dieu sait si j'aime Saint-Ex, mais il n'a pas été Résistant. Combattant oui, mais pas Résistant, même pas "Vichysto-Résistant".
Amicalement
Jacques |