... je vous les aurais servis en priorité.
Mais depuis le début de cet échange vous refusez de tirer toute la substantifique moëlle du peu que nous avons.
Je peux y ajouter un élément : dans ses mémoires, avant de conter l'épisode, Churchill éprouve le besoin de préciser : "à l'époque je connaissais mal sa personne et ses idées"... ce qui est évidemment faux. Mais en 1947 il est comme tout le monde, il a besoin de justifications grosses comme le bras pour avoir approché l'empire du mal, et de pincettes rétrospectives plus grosses encore.
Ce qui apparaît :
-il est très intéressé par Hitler
-il se dit que l'Allemagne va probablement être gouvernée par lui
-il a un besoin vital de savoir s'il peut la conduire sur la voie de la sagesse, c'est-à-dire d'une entente européenne, après avoir pansé son amour-propre
-il fait de la question juive un critère décisif : soit elle est négociable, et ce n'est qu'un cheval de Troie pour la prise du pouvoir, ainsi que tout le bric à brac idéologique de Mein Kampf; soit Hitler est sérieux en la matière, et tout MK l'est, et il est grand temps de sonner le tocsin contre ces plus grands fous de l'histoire, le communisme à côté n'étant qu'une bluette d'intérêt local (d'autant plus qu'il n'y a encore ni famine ukrainienne, ni grandes purges).
Confirmation : fin novembre Churchill, dont l'antinazisme et les craintes vis-à-vis d'un revanchisme allemand étaient jusque là discrets, fait un grand discours contre le premier ministre Macdonald en disant que les "jeunes Teutons" ne réclament pas des droits, mais des armes, et pas pour les laisser au vestiaire. |