Ainsi que le fait observer Francis, Nicolas Werth n'a jamais nié la réalité de la famine ukrainienne. L'accusation de négationnisme, énoncée certes sur un mode ironique par Delpla, ne repose dès lors sur rien.
Le problème, en effet, n'est pas et n'a jamais été l'existence de cette famine, mais sa qualification - et Delpla le sait très bien, puisque le fait lui a été constamment rappelé. Génocide ? Crime contre l'humanité ? Dérapage de l'incompétence bureaucratie stalinienne ? Dans mon article cité en référence par Francis, j'expose les données de la controverse, en concluant pour ma part que la famine n'a certes pas été préméditée, mais a par la suite été instrumentalisée et aggravée en vue de mater l'esprit national ukrainien.
Nicolas Werth, après avoir longtemps récusé la thèse du génocide, a fini par s'y rallier au regard des avancées de la recherche historique.
A l'heure actuelle, aucun historien sérieux ne conteste le fait même de la famine. A l'exception, en France, d'Annie Lacroix-Riz, bien connue de Delpla au demeurant. Il est navrant - mais peu surprenant - de voir une négationniste de son acabit, aussi peu soucieuse de rigueur face à la vérité historique, demeurer à son poste de Professeur d'Université. Il est tout aussi navrant - et tout aussi peu surprenant - de voir certains autres "historiens" sympathiser avec sa démarche. |