Jean Lacouture confirme l'enregistrement de François Mitterrand dans les réseaux de l'ORA. Le 13 février 1943, il rencontrait des officiers "en rupture de maréchalisme". Il s'agissait des colonels Descours, Pfister et Zeller. Un accord est conclu : le groupe Mitterrand touchera des fonds de l'ORA.
En mars 1943, par l'entremise de Pierre de Bénouville, il rencontrait Henri Frenay, le patron de Combat, qui accepta d'utiliser une ancienne (?) structure vichyste "au service de la Résistance" et versa des fonds à Mitterrand. On a le sentiment que F. Mitterrand cherche à acquérir des brevets de résistant... ce qui a fait dire à certains qu'il mangeait à tous les râteliers ! Résultat : son Rassemblement National des Prisonniers de Guerre (RNPG) à direction collégiale est créé et reconnu entre février et avril 1943. Selon Lacouture qui se fonde sur les recherches de Christophe Lewin, il est impossible d'avancer une date plus précise.
Dès les début, le RNPG est contesté par des prisonniers évadés et rapatriés qui refusent d'être enrôlés dans une organisation émanant de l'Etat français de Vichy. Michel Cailliau, neveu du général de Gaulle, regroupa des prisonniers allergiques au régime de Vichy. Un colloque se tient en février durant lequel la dissidence de Cailliau est mise en minorité par les "mitterrandiens" qui affirment leur allégeance à l'ORA giraudiste. Mais la coupure avec Vichy n'est pas faite puisque F. Mitterrand sera vu en mars 43 à une conférence de presse d'André Masson, chef du commissariat en charge des prisonniers, à Vichy. Et il recevra la francisque (N° 2202) en mai ou juin de cette même année 43. François Mitterrand a redit au biographe qu'il s'agissait d'une "couverture". L'argument n'est pas nul, car Jean-Pierre Bloch, adjoint de Passy au BCRA, avait recommandé de ne refuser aucune décoration vichyste pour ne pas se faire repérer et poursuivre un travail de noyautage. Rétrospectivement, cette consigne arrangeait le Président...
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