... et le droit à l'erreur - et à la correction de l'erreur - reste un droit, tout comme il existe un droit de non-réponse (certes intellectuellement toujours discutable).
Mais un droit ne doit pas devenir l'instrument d'un abus, et il est des cas où la faculté d'effacer se transforme en véritable stratégie discursive. Poster un message, le laisser subsister, puis l'effacer sans laisser à l'autre le temps de répondre est une méthode bien connue des forums de discussion, modérés ou non que l'on nomme la "technique du sniper" (le sniper arrive, ouvre le feu, puis se retire en effaçant les traces). Peut-on tolérer cela ? Je ne crois pas.
Ce d'autant que juridiquement causant, un message auto-effacé est un message qui a existé : là est le problème. Car des visiteurs ont pu le lire, ils ont pu se faire certaine opinion relative à certains faits, certaines personnes, certains éléments exposés dans ce message. Or, le mécanisme du droit de réponse suppose que toute personne nommément citée jouisse de la faculté de faire connaître son point de vue sur l'opinion émise - et en l'occurrence effacée. En particulier face à la "technique du sniper". Elle devrait dès lors connaître le contenu des messages effacés et dont elle peut subodorer que leur contenu la vise personnellement.
Prenons un exemple : soit un individu qui accuse un autre, sur un forum de discussion, d'être raciste, ou pédophile, ou hitlérophile, puis efface tous ses messages, y compris ceux non encore lus par la personne à qui s'adressent ces déclarations. Cette dernière a pourtant été mise en cause : les messages ont été publiés et ont été accessibles pendant une certaine durée. Serait-il théoriquement juste que l'individu visé n'ait pas accès aux messages effacés ? |