Scandale, polémiques, interpellations, articles haineux et j'en passe ! Ce livre a réussi à faire l'unanimité ou quasi contre son auteur.
En décidant de se plonger dans l'histoire de la guerre d'Algérie, Georges-Marc Benamou, d'origine pied-noir, se doutait-il qu'il allait susciter une telle levée de boucliers ? Sans doute, car il n'est pas stupide; mais à un tel degré, j'en doute. Qu'un point de vue personnel et engagé basé sur les aspects historiques avérés les plus sombres et les plus sordides de cette guerre puisse créer autant de remous violents dit bien la force du refoulé de cette guerre coloniale dans les consciences françaises.
Historiquement, Georges-Marc Benamou a construit son essai sur les sources les plus sûres, sa bibliographie en témoigne. Mais là où ça coince visiblement toujours, c'est lorsqu'il propose le rappel des positions et des mensonges qui furent ceux des partis et des personnalités durant un conflit républicide mâtiné de guerre civile.
Des socialistes (SFIO) aux barons gaullistes - le Connétable inclus -, en passant par les partisans de l'Algérie française sans oublier le PCF et bien sûr le FLN, tous les protagonistes politiques du temps sont auscultés. Et Benamou de rappeler certaines déclarations de l'époque sur la question algérienne. Je crois que c'est ce qui a déclenché la campagne contre l'auteur du "Mensonge français" : les descendants des responsables de l'époque, au pouvoir ou dans l'opposition, n'apprécient pas qu'on leur mette sous les yeux des déclarations exprimant le double langage, les défilements et/ou l'opportunisme de leurs précurseurs il y a un peu plus de quarante ans.
Pour résumer, tout le monde ou presque - une Germaine Tillion fait figure d'exception - a menti à un moment ou à un autre entre 1957 et 1962 sur le futur de l'Algérie, le sort des Pieds-Noirs, celui des harkis et bien sûr la destinée du peuple algérien confisquée par les généraux et cadres du FLN.
C'est un livre cru dans lequel son auteur ne cache pas ses positions mais que je crois nécessaire pour revenir sur ce grand refoulé, cette "Atlantide" ainsi que Georges-Marc Benamou nomme la mémoire de la guerre d'Algérie et toutes les tragédies dont elle fut la cause.
Bien cordialement,
René Claude