"Souffrez que je résiste à votre volonté"
(
Les Femmes savantes, acte V, scène 4).
Tout résistant qui agit comme Hitler le souhaite non seulement peut mais doit être appelé auxiliaire ou "allié objectif", sans que cela dise rien sur sa moralité -un point que l'historien a le droit d'aborder, mais en toute fin d'étude. De ce point de vue d'ailleurs Ollivier mérite le reproche qu'il m'assène dans ce fil : la recherche doit précéder la conclusion alors que chez lui, sur la question en débat, tout part de celle-ci. Oster est un type bien, donc fait le bien. Et aussi, hélas, Canaris.
Je prendrai un exemple hors espionnage, celui du plan nazi de 1940, lumineusement présenté par un officier actuel
. La victoire de Gembloux est excellente pour l'amour-propre des officiers du secteur mais catastrophique sur un plan global car elle enferre les armées alliées dans le piège ennemi. A partir du moment où le SD manipule des résistants, il en va de même. Et bien souvent la date de leur chute, ou de leur neutralisation sous une forme quelconque, marque la fin de la récréation, sifflée par des surveillants qui n'en ont jamais perdu le contrôle. Alors certes ce peuvent être des résistants très honorables, pleins de courage, de sang-froid et d'abnégation, mais ce sont en même temps des dupes, entièrement comparables de ce point de vue à Papen, Schacht, Chamberlain ou Daladier. Et c'est ce qu'il importe que l'histoire affirme et affine aujourd'hui, puisqu'elle est elle-même tombée dans bien des panneaux.
En d'autres termes, je comprends votre préoccupation et la partage, mais estime prioritaire, aujourd'hui, une dé-moralisation de l'histoire du nazisme. Cette entreprise est mauvaise et s'y opposer part d'un sain réflexe mais une fois qu'on a dit ça il reste à voir comment la lutte se déroule, et qui marque les points.