Le témoignage de Selvester, adressé en 1963 à Roger Manvell, a toutes chances d'être solide, parce qu'il s'agit d'un homme consciencieux, d'une part, et que de l'autre il se soumet à la censure de son ministère, qu'il peut supposer amplement informé. Or il est contredit par celui de son supérieur Murphy, d'une façon aussi radicale que désinvolte. J'ai, lors de cette découverte, en octobre 2005, jugé le premier document infiniment plus sûr que le second, et propre à établir une fois pour toutes que Himmler, à un moment, s'était trouvé dépourvu du moyen de se suicider.
Mais je n'avais pas réalisé qu'on pouvait aller beaucoup plus loin... et j'ai fini par m'en apercevoir sous l'aiguillon de la contradiction apportée par Nicolas : loin de bâcler, Murphy réplique point par point à Selvester et démolit systématiquement les affirmations qui pourraient induire un doute. Tout en traînant plus bas que terre cet officier, qui aurait négligé ses devoirs d'une manière telle qu'on se demande bien comment il avait pu parvenir à la direction d'un camp de suspects, voire comment l'Angleterre, avec de tels cadres, avait bien pu figurer parmi les vainqueurs de cette guerre.
Voilà qui permet une nouvelle et solide conclusion : l'enquête des journalistes Manvell et Fraenkel, en 1963-64, la première qui essaye vraiment de comprendre ce qui s'est passé, déclenche une panique au War Office londonien. Les brèches sont colmatées dans l'urgence.
J'ai bon, ou pas ? Il serait dommage d'en rester là. |